SMART @WORKsam. 20/05/23

Samedi 20 mai 2023, SMART @WORK reçoit Antoine Compin (Directeur Général, Manutan France) , Christine Durroux (Vice Présidente, Entreprise et Progrès) et Luc Wise (Fondateur, The Good Company)


Comment engager une entreprise sur le chemin de la responsabilité ?

L’entreprise de demain sera responsable ou ne sera pas. La transformation, déjà engagée, est d’une ampleur considérable. S’appuyant sur les critères ESG, les entreprises mettent en place de nombreuses actions, chacune à leur échelle, pour réduire leurs externalités négatives et maximiser leur impact positif.

« À partir de maintenant, au niveau européen, les entreprises vont devoir prendre en compte leur performance extra-financière », rappelle Christine Durroux, vice-présidente du think tank Entreprise et Progrès. « La responsabilité permet de prévenir les risques et de faire de la prospective stratégique », poursuit-elle. Les entreprises qui s’engagent sur le chemin de la responsabilité, limitent en effet les risques réputationnels, mais aussi la difficulté potentielle de trouver des financements. Cette transformation les pousse de fait à innover. C’est le cas chez Manutan, distributeur de matériel aux entreprises. « Nous avons travaillé sur des produits éco-responsables, équipés de Led et de panneaux solaires, nos entrepôts », explique Antoine Compin, directeur général France. « Sur le plan sociétal, nous avons noué des partenariats avec des associations. Et nous avons pris des mesures business aussi car nous sommes convaincus que c’est la symétrie des attentions qui va faire que l’ensemble de notre écosystème va s’épanouir et performer sur le plan économique ». 

Luc Wise, fondateur de The Good Company, agence de communication nativement responsable, raconte avoir appris en marchant. « Toute l’entreprise est engagée dans cette démarche, toutes les décisions sont prises en ce sens, c’est plus simple quand on part d’une feuille blanche ». Pour les autres, celles qui doivent engager une transformation, il faut que le sujet soit porté au plus haut niveau de l’entreprise.

Embarquer l’ensemble de l’écosystème

Toute la difficulté ensuite consiste à prendre en compte l’ensemble des parties prenantes, à la fois les salariés, les clients, mais aussi les fournisseurs. Selon un baromètre réalisé par BpiFrance 44% des dirigeants de PME et ETI considèrent qu'il leur est « impossible de diminuer significativement les émissions carbone » de leur entreprise « car celles-ci sont principalement le fait de leurs fournisseurs et clients ».

« Nous rentrons typiquement dans les 80% des émissions carbone indirectes de nos clients, témoigne Antoine Compin. Nous souhaitons donc proposer des produits écolabellisés ou d’économie circulaire. Par ailleurs, l’année dernière Manutan a collecté 130 tonnes de matériel informatique auprès de nos clients, ce qui a permis d’économiser 11 000 tonnes de CO2. Ces produits sont ensuite recyclés, revendus, ou donné ». Les achats responsables sont aujourd’hui un véritable levier, renchérit Luc Wise. « Nous nous sommes engagés à acheter nos productions publicitaires uniquement en Europe. Une production en Belgique par exemple permet de diviser l’impact carbone par quatre par rapport à la même production en Estonie. » Si les normes, les critères et autres bilan carbone peuvent parfois effrayer par leur degré de technicité, l’important semble être que chacun puisse agir à son niveau, car chaque geste compte. « Fondamentalement, les entreprises ne sont plus cyniques. On est sur un bon chemin, car c’est ce qu’attend la société », conclut Christine Aurroux.