Samedi 26 mars 2022, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Bruce Vielle (Président & CEO, Synerlab)
SYNERLAB : cinq questions à Bruce Vielle
Synerlab est une entreprise spécialisée dans le développement et la fabrication de produits pharmaceutiques à usage humain et vétérinaire. Bruce Vielle, Président & CEO, présente les spécificités de sa société.
Qu’est-ce que Synerlab ?
Synerlab est un acteur de la chaîne de valeur mondiale du médicament avec une présence très forte en Europe. Nous accompagnons nos clients, les laboratoires pharmaceutiques et vétérinaires dans toute la phase amont du développement d’un médicament ou du dispositif médical au niveau de la galénique, de l’analytique, de la production de lots cliniques et dans la partie réglementaire. Et dans la phase aval, c’est-à-dire dans la production et l’animation du cycle de vie du produit une fois l’autorisation de mise sur le marché obtenue.
En quoi êtes-vous différent ?
Chez Synerlab, j’ai insufflé un véritable esprit de start up. Il y a 3 facteurs qui nous différencient. D’abord, notre savoir-faire qui porte sur une capacité à se positionner sur des petites et des moyennes séries. Nous sommes habitués à gérer la complexité qu’elle soit technique ou organisationnelle. Dans notre panel, nous avons plus de 200 clients actifs et environ 1000 produits différents. Le déploiement d’une palette d'outils du « lean manufacturing » sur tous nos sites nous confère un avantage compétitif. Ensuite, nous sommes une entreprise agile. Nous avons des structures industrielles décentralisées qui nous permettent une grande flexibilité et réactivité. Puis, nous avons une offre de développement à façon, sans obligation de produire en série chez nous qui est très intéressante. Pour cela, nous avons un site totalement dédié au développement, indépendant en terme d’organisation des autres sites. Enfin, nous avons une offre unique pour nos clients Biotech : la lyophilisation après les étapes de purification. Ceci comprend la maîtrise de la chaîne du froid, des cycles de lyophilisation adaptés à différentes souches et le conditionnement primaire et secondaire des produits pour la production de lots cliniques.
Vous travaillez en France et aussi en Espagne. Quels sont les facteurs clés d’un bon manager international ?
Je partage les conclusions de l’étude conduite par ManPowerGroup en 2012 en ce qui concerne les six vertus essentielles pour être un bon leader global : l’adaptation, la créativité, la constance, le respect, la confiance, la capacité à se jouer de l’ambiguïté. Par ailleurs, dans des environnements multiculturels, il faut savoir se maîtriser, être d’humeur égale. En connaissant les us et coutumes, vous évitez aussi tout manque de respect. L’apprentissage des mentalités et des cultures sont aussi certainement des atouts précieux pour un leader global. J’ajoute qu’une compétence clé du leadership et encore plus forte pour un leader global est de savoir sortir de son propre cadre de référence, c’est-à-dire soit se mettre dans la peau de l’autre, soit se mettre en position « méta » en dehors des deux cadres pour mieux les comprendre, les observer et agir en conséquence.
Comment avez-vous abordé la concurrence chinoise et indienne dans la fabrication de médicaments en Europe et quels sont vos atouts dans la compétition mondiale ?
Nous sommes face à un challenge : internaliser nos productions sur le sol français tout en maintenant les prix les plus bas. Dans ce cadre, la concurrence n’est guère possible et nous incite à nous positionner sur des produits à plus forte valeur ajoutée. Incontestablement, la digitalisation poussée de nos processus nous permettra à terme de réduire nos coûts et d’améliorer notre compétitivité tout en proposant plus de services associés à nos productions. Dans l’avenir, il conviendrait d’avoir une vision plus large du coût d’un médicament sur l’ensemble de la supply chain. L’inclusion du coût de l’empreinte carbone et du coût des ruptures d’approvisionnement potentielles nous rendraient forcément plus compétitifs et inciterait donc à la re localisation.
Quels sont vos prochains défis à relever ?
J’ai trois défis stratégiques à relever. Le premier est d’atteindre une croissance forte sur certains de nos sites nécessitant de revoir certains de nos processus et organisations. Le second est de développer une organisation de travail plus collaborative entre nos différents sites afin que chacun puisse bénéficier du savoir-faire et de l’expertise de l’autre. Enfin le troisième, plus que jamais, nous avons un défi de captation et de rétention des talents par la digitalisation et la modernisation de nos méthodes de management.