SMART @WORKsam. 25/06/22

Samedi 25 juin 2022, SMART @WORK reçoit Bruno Thevenin (associé, Osiris Conseil) , Antoine Compin (Directeur Général, Manutan France) et Arnaud de Malaussène (directeur du développement, Boson Project)


“On a tous la capacité d’être des leaders naturellement”

Le manager est-il nécessairement un leader et, inversement, un leader est-il nécessairement manager ? Si une distinction s’opère, ces deux notions peuvent être complémentaires. Comment reconnaît-on et différencie-t-on un leader d’un manager ?

Leader et manager, quelles différences ? La question se pose à l’heure où les leaders sont de plus en plus recherchés, de surcroît dans ce contexte de crises successives. Pour comprendre ce qui relève du leadership, Bruno Thévenin, associé chez Osiris Conseil, définit le leadership comme “la capacité de mettre en mouvement un collectif. C’est quelque chose que tout le monde a à la naissance de manière naturelle mais qui s’exprime sur un mode différent : persuasif, directif ou encore participatif. L’important, c’est de rester lucide et d’être capable de développer d’autres modes de leaderships alternatifs”, juge l’ancien directeur général de PepsiCo France. “Global et local, exigence et bienveillance, discipline et autonomie : le leader concilie les opposés pour créer de la valeur”, poursuit-il. 

“Il est difficile de s’auto-proclamer leader et plus facile de se proclamer manager parce que généralement c’est une fonction prédéfinie”, estime Antoine Compin, directeur général de Manutan France. “On ne peut pas se revendiquer soi-même leader. Le leader, c’est celui qui conduit, qui embarque des personnes. En littérature, on a 230 qualités différentes qui le définissent”. Une notion qui ouvre donc un champ des possibles assez large.

“Managers, soyez tous des leaders !”... Vraiment ?

Pour Arnaud de Malaussène, directeur du développement chez Boson Project, un leader a “une capacité à voir loin sur un sujet à un moment donné et une capacité à sortir du cadre”. Un leader ne l’est pas partout et tout le temps. Pas question alors de prêter au manager des qualités systématiques de leadership. “Tout le monde n’a pas la capacité d’avoir une vision sur un sujet donné”, explique-t-il. “Le leader est sur la vision, il porte un cap, une certaine impulsion à l’entreprise, tandis que le manager est sur l’aspect opérationnel et veille à mettre en œuvre la vision du leader”, distingue-t-il. 

“Je n’aime pas du tout quand on dit : ‘Managers, soyez tous des leaders !’ C‘est une injonction complètement paradoxale et contradictoire”, explique Arnaud de Malaussène. “Un leader sait ce qu'il faut faire et un manager sait seulement comment le faire”, résume Kenneth Adelman, diplomate et homme politique américain.

Si les entreprises sont à la recherche de plus en plus de leaders, et si chacun peut l’être à son niveau, alors cela ne risque-t-il pas de mettre en péril l’organisation de la société ? La multiplicité des leaders au sein d’une organisation n’est pas dangereuse si les leaders gardent en tête la stratégie et les objectifs clés de l’entreprise, sans s’en éloigner. “Beaucoup de dirigeants sont déconnectés de la réalité. Mais les plus grands dirigeants et leaders au contraire ont toujours un lien bluffant à la réalité. Ce sont des qualités assez rares, avec un même un petit côté surhumain dans le fait de connecter une vision, nécessairement complexe, avec une réalité pour embarquer les gens là-dedans”, souligne Arnaud de Malaussène. “On peut avoir la tête dans les nuages tout en gardant les pieds sur terre”, métaphore Antoine Compin.

Le leadership est bel et bien indispensable à une entreprise, tout comme le management. “Ils sont complémentaires. Il ne faut pas les opposer”, affirme Arnaud de Malaussène. Encore faut-il que le leadership soit “sain”. “Le bien être des collaborateurs et la performance économique sont deux indicateurs d’un leadership sain”, fait remarquer Bruno Thévenin. “Un leader, il y en a besoin à tous les niveaux de l’organisation. On a besoin de dirigeants qui soient des leaders, qui sachent s’adapter et innover. Le vrai leader n’est pas forcément le manager”, assure-t-il.