Lundi 5 septembre 2022, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Lionel le Maux (président, Aqua Asset Management)


Aqua Asset Management : cinq questions à Lionel Le Maux

Aqua Asset Management a pour vocation d’accompagner des entreprises de taille moyenne, françaises et européennes, actives dans la transition écologique. Lionel Le Maux, son Président, illustre pourquoi il est important et urgent de changer notre manière d’investir.

Que propose Aqua Asset Management ?

Nous sommes des investisseurs dans le domaine de la transition écologique. Nous le faisons pour le compte d’investisseurs privés ou institutionnels et nous gérons différents fonds dont Transition Evergreen qui est le premier fonds coté sur la bourse de Paris dédié à cette thématique. Notre but est d’identifier des sociétés de taille moyenne, en France et en Europe, dont la transition écologique est le principal axe de développement et de les accompagner dans leur passage à l’échelle. J’ai lancé cette activité en 2017, après deux premières créations d’entreprises. D’abord Flinvest, une société d’investissement qui a connu un grand succès entre 2003 et 2008, et ensuite Evergaz, créée en 2008, qui est aujourd’hui l’une de nos principales participations et un des leaders de l’industrie du biogaz en Europe. Cette capacité à créer des sociétés imprègne beaucoup la stratégie d’Aqua Asset Management puisque j’ai voulu insuffler cet état d’esprit entrepreneurial dans le métier de l’investissement. 

Quelle est votre démarche ? 

Notre démarche est avant tout celle d’un investisseur. Nous sommes là pour identifier des entreprises qui contribuent à la transition écologique et dont les perspectives sont prometteuses. Nous avons pour approche d’apporter plus qu’un soutien financier en participant aux projets d’entreprise dans une logique de co-construction notamment en étant associé à des décisions majeures. Nous aidons nos entrepreneurs à transformer les axes stratégiques sur le plan du recrutement, de la croissance externe et du développement en général. Notre démarche a deux buts : le premier c’est le passage à l’échelle de ces sociétés dans lesquelles nous investissons pour en faire des champions français ou européens de la transition écologique ; le deuxième est de participer à la réduction de l’empreinte carbone grâce aux actions que ces entreprises vont mener. Globalement c’est une démarche très entrepreneuriale dans laquelle nous essayons d’être en proximité avec les entrepreneurs et leurs projets.

Pourquoi est-il si urgent de changer notre manière d’investir ?

Evidemment cette urgence elle est aujourd’hui très claire pour tout le monde à travers les rapports du GIEC ou encore les différentes manifestations de ce changement climatique : incendies, inondations, crues soudaines…Mais cette urgence, au-delà de nous être dictée par tous ces sujets, nous est aussi imposée par la nature même de cette transition écologique qui consiste à remplacer des investissements par des dépenses. Autrement dit, le but est de remplacer des dépenses dans des objets qui consomment de l’énergie fossile par des dépenses dans des objets qui eux vont fonctionner avec de l’énergie renouvelable ou permettre d’économiser de l’énergie fossile. Or, cet arbitrage impose une réflexion sur le temps long. C’est un peu comme un ménage qui choisit de ne plus payer un loyer et d’acheter une maison. S’il achète une maison, il va s’endetter sur 20 ans et se projeter avec un coût qui va par la suite l’amener à ne plus avoir ce coût de location. Nous sommes dans la même logique avec la transition écologique. Ce temps long implique aussi une forme d’inertie puisque c’est dans la durée que vous verrez les premiers effets des investissements lancés. C’est pour cela qu’il est urgent de changer notre manière d’investir. La deuxième raison renforce cette urgence. Tous ces modèles qui émanent de la transition écologique imposent des ruptures. Le stockage de l’énergie, les bornes de recharge électrique, les voitures à hydrogène…Ce sont des changements sur les modes de mobilité, les modes d’alimentation et pour les réaliser il est nécessaire de s’inscrire dans une logique entrepreneuriale et une capacité à se projeter sur des mondes en rupture profonde. Changer notre manière d’investir c’est à la fois faire preuve d’agilité entrepreneuriale et d’une capacité à se projeter dans un temps long qui est souvent aussi l’apanage des entrepreneurs. 

Comment accompagnez-vous les entreprises dans lesquelles vous investissez ?

Nous nous positionnons comme des partenaires actifs des entreprises que nous accompagnons. Par exemple, nous pouvons faire intervenir à nos côtés d’autres sources de financement pour accélérer la croissance de l’entreprise ou sur le côté, avec des financements en dette ou bancaire. Notre rôle est aussi de les aider dans leur structuration humaine, industrielle, la recherche aussi de cibles puisqu’une société peut croître par croissance interne mais aussi par croissance externe. C’est un travail de tous les jours qui consiste à être très proche des projets d’entreprise, d’où la notion de co-construction évoquée plus haut. Elle est au cœur de l’accompagnement que nous offrons aux entreprises dans lesquelles nous investissons. 

Vous avez fondé l'association TRANSITION FORUM. À quoi sert-elle ? Quel est son but ?

L’association Transition Forum participe à l’accélération de la transition écologique en faisant émerger des solutions innovantes par le développement de nouvelles coopérations (public-privé ; recherche-entreprises ; investisseurs-territoires…). Elle rassemble une communauté internationale de décideurs privés et publics engagés en faveur de la transition écologique et souhaitant mettre en œuvre des projets concrets. J’ai créé l’association Transition Forum dans la continuité de la vision éco-systémique que j’applique en tant qu’investisseur. En constituant une communauté engagée pour accélérer la transition écologique vers un monde décarboné, nous réunissons toutes les parties prenantes pour permettre aux projets à impact d’aller plus vite et de manière plus durable.