Mardi 25 octobre 2022, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Ramzi Frikha (directeur et responsable, Export Novag SAS)


NOVAG : cinq questions à Ramzi Frikha

Novag SAS a conçu des semoirs capables de semer sans perturber le sol grâce à une technologie parmi les plus avancées du marché. Ramzi Frikha, Directeur et Responsable Export, revient sur le développement de la société.

Quelle est la mission de votre société ?

Le grand public s’intéresse très souvent à l’agriculture, notamment en France, mais il reste relativement peu informé du problème de la dégradation des sols dans le monde. La perte de fertilité des sols, et l’érosion des terres arables sont causées par le labourage intensif. L’utilisation d’engrais et de pesticides est une conséquence de ce problème, à cause du faible taux de matière organique restant dans les sols. Inverser cette tendance, c’est l’enjeu de l’agriculture de demain, et c’est la mission de Novag. Il est possible de régénérer les sols pour produire plus et de meilleure qualité en facilitant l’adoption de l’agriculture de conservation, dite également « agriculture régénérative». Novag SAS a conçu des semoirs capables de semer sans perturber le sol grâce à une technologie parmi les plus avancées du marché. Si on laisse les résidus des anciennes cultures en place, les micro-organismes et les vers de terre travailler le sol, et qu’on utilise des couverts végétaux ou des plantes compagnes, on remplace les intrants comme le carburant, les engrais ou les pesticides. Les terres ne seront pas dégradées sur le long terme. Mieux, elles seront plus résistantes à la sécheresse et aux inondations de par leur meilleure composition biologique.

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis ingénieur de formation, et à la fin de mes études, à 20 ans, je suis parti en voyage en Nouvelle Zélande. Il faut préciser que dans ma famille à l’origine, on n’est pas agriculteur, mais plutôt ingénieurs ou informaticiens. Là-bas, j’ai, par le biais d’un stage, découvert que l’agriculture de conservation existait, et de manière fascinante qu’elle pouvait permettre de restaurer la fertilité des sols, d’améliorer les rendements, tout en étant une solution beaucoup plus écologique et plus économique que l’agriculture conventionnelle. J’ai rencontré en Nouvelle Zélande un agriculteur Français qui justement cherchait à la mettre en pratique sur l’exploitation familiale. 6 mois après, à mon retour en France, nous avons co-fondé Novag ensemble. Je n’avais pas d’expérience particulière, mais depuis plus de 10 ans, j’ai appris à surmonter les difficultés liées au développement d’une entreprise industrielle en forte croissance qui a des « vrais clients » et a réellement mis un produit sur le marché.

Quel est votre rôle chez Novag ?

Je suis le porteur du projet, avec dès le départ un rôle dans la conception des machines. Aujourd’hui encore, je reste très impliqué dans la R&D au sens large, en incluant le développement de nos outils de production et notre système qualité. Mais, je suis également responsable de la stratégie commerciale, en incluant le marketing et le développement de notre réseau de distribution. Ces derniers points sont surtout pilotés depuis notre filiale Allemande, qui est au centre de nos activités commerciales en Europe. J’insiste sur la nécessité d’innover en permanence pour conquérir de nouveaux marchés, répondre aux nouveaux besoins des agriculteurs.

Qu’est ce que les machines Novag ont de plus ? 

L’agriculture de conservation, c’est arrêter une bonne fois pour toute de travailler le sol, quel que soit le type de sol et le type de culture. Les machines Novag sont plus lourdes, plus sophistiquées, fabriquées avec plus de précision et ont une électronique embarquée plus performante que les autres machines du marché. Par exemple, le contrôle de la profondeur de semis est automatisé, et la force d’ouverture des sillons s’adapte automatiquement à la résistance du sol, qui peut être très variable sur un même champ. Elles sont aussi plus chères que les semoirs classiques.

Quels sont les impacts de votre technologie sur les agriculteurs ?

La philosophie Novag consiste à proposer des solutions qui fonctionnent, pour que les agriculteurs puissent travailler complètement en agriculture de conservation si ils le souhaitent. Les gains de l’arrêt du travail du sol sont très importants. Rien que les économies de carburants (70% d’économie) suffisent à elles seules à payer l’investissement dans la machine. Mais ces gains n’existent que si les rendements sont maintenus par rapport à l’ancien système. C’est cette incertitude qui faisait auparavant hésiter les agriculteurs à opter pour l’agriculture de conservation. Grâce à notre technologie, nous pouvons avancer des rendements équivalents ou supérieurs à ceux obtenus par le travail conventionnel du sol, dès la première année. C’est une sécurité très importante pour les agriculteurs en phase de transition vers l’agriculture de conservation.