Jeudi 23 février 2023, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Marion Graeffly (co-fondatrice, TeleCoop et lauréate du Prix de l’Entreprise Ethique créé par Sopra Steria Next)


Telecoop France : cinq questions à Marion Graeffly

Fondé en 2020, Telecoop est le premier opérateur télécom coopératif engagé dans la transition écologique et solidaire. Marion Graeffly, co-fondatrice et lauréate du Prix de l’Entreprise Éthique, créé par Sopra Steria Next, revient sur les raisons de la création de cette entreprise engagée.

Quelle est l’histoire de la société ? Pourquoi a-t-elle été créée ?

TeleCoop a été créé en 2020 sur un constat simple, les opérateurs télécom ne défendent pas aujourd'hui l'intérêt général dans leur développement et leurs offres. Pourtant, aujourd'hui le numérique représente 4% des gaz à effet de serre au niveau mondial et cela pourrait passer à 8% d'ici à 2025. En particulier, 80% de l'empreinte environnementale du numérique d'un mobile est concentrée sur leur fabrication. Pourtant, les opérateurs télécom continuent à pousser massivement à la consommation par la vente de mobiles neufs et via des forfaits incluant toujours plus de données mobiles. Pour répondre à ces enjeux, il nous paraissait essentiel de proposer un nouveau modèle d'opérateur télécom, tourné vers l'intérêt général et qui intègre directement les questions environnementales et sociales au cœur de notre modèle économique. J'ajoute que les co-fondateurs de TeleCoop, dont je fais partie, sont tous des citoyens. Nous ne venons pas du monde des télécoms au vu de notre expérience professionnelle passée. Cependant, nous avons considéré qu'il était fondamental, au regard du fait que le numérique devient prépondérant dans notre vie professionnelle et personnelle, de proposer un nouveau modèle.

Quel est le fonctionnement de TeleCoop ?

TeleCoop est une coopérative, et en particulier une Société Coopérative d'Intérêt Collectif. C'est une entreprise qui appartient à ses sociétaires qui votent dans la structure sur le principe d'une personne est égale à une voix. L'objectif est de partager le pouvoir et la richesse de manière équitable et démocratique. Par exemple, nous décidons collectivement de l'usage des bénéfices générés par la coopérative ou nous mettons sur pied ensemble les différentes postures défendues par la coopérative.

Vous êtes le premier opérateur télécom coopératif engagé dans la transition écologique et solidaire. Qu’est ce que ça signifie et quelles sont vos actions ?

Concrètement, nous proposons des forfaits mobiles sans engagement et performants (nos offres sont basées sur le réseau d'Orange) qui incitent chacun à reprendre la main sur sa consommation mobile. Nos forfaits facturent leurs abonnés en fonction de leur consommation de données mobiles réelles ou proposent une aide financière à la réparation des mobiles de nos abonnés. L'objectif affiché est donc de réduire l'impact environnemental du numérique de manière générale et de permettre à chacun de reprendre la main sur son temps passé sur son mobile. Nous avons fait le choix de baser notre service client en France pour développer la création d'emploi en France et pour accompagner au mieux nos usages. En effet, l'objectif de notre service client est de prendre le temps d'accompagner chacun dans ces usages numériques et non pas de pousser nos abonnés à la consommation en leur vendant régulièrement un nouveau mobile ou un nouveau forfait.

Vous êtes lauréate du Prix de l’Entreprise Éthique remis par Sopra Steria Next en décembre dernier. Qu’est ce que ça a changé pour vous ?

C'est une reconnaissance du fait que le modèle que nous défendons, la SCIC, société coopérative d'intérêt collectif, est capable intrinsèquement et de part ses statuts, de défendre l'intérêt général en mettant en avant au cœur de notre action une meilleure répartition des richesses et du pouvoir. Nous défendons le principe de la gouvernance partagée avec l'idée que chaque citoyen, s'il est bien informé, est capable de participer à des prises de décision importantes dans notre entreprise et plus généralement dans la société.

En tant qu’entrepreneure, quel est votre parcours professionnel et qu’est ce qui vous a donné envie d’entreprendre justement ?

J'ai passé ma première partie de carrière dans l'agroalimentaire. A un moment donné, je me suis rendue compte que mon travail participait plutôt du problème que de la solution à la crise climatique et sociale que nous connaissons actuellement. J'ai donc décidé de bifurquer et de dédier ma carrière professionnelle au développement de l'Economie Sociale et Solidaire, économie que je considère comme unique alternative aux problématiques que nous connaissons actuellement. J'ai ensuite découvert le monde des coopératives et j'ai été séduite par ce statut d'entreprise car il est le seul de mon point de vue à permettre de gérer l'urgence climatique, sociale et juste répartition du pouvoir et des richesses.