Dimanche 26 février 2023, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Sebastien Gendron (co-fondateur et PDG, TransPod)


TRANSPOD : cinq questions à Sebastien Gendron

TransPod a conçu et développé un système de transport par tube qui consiste à faire circuler des véhicules de la taille d’un bus ou d’un wagon de train, dans des tubes, où 99% de l’air a été retiré. Ce nouveau mode de transport est abordable et respectueux de l’environnement.

Vous parlez de système TransPod. Qu’est ce que c’est ?

Le système TransPod est un système de transport par tube qui consiste à faire circuler des véhicules de la taille d’un bus ou d’un wagon de train, dans des tubes, où 99% de l’air a été retiré. Il s’agit d’un 5e mode de transport qui doit permettre aux passagers et marchandises de circuler à des vitesses similaires à celle de l’avion, avec la flexibilité d’usage d’un métro, et alimenté par des énergies renouvelables.

Pourquoi TransPod a vu le jour ? De quel constat êtes-vous parti lorsque vous avez créé cette société ?

TransPod a vu le jour en 2015 après avoir travaillé près de 15 ans dans le secteur aéronautique, avec l’objectif de créer un groupe industriel. L’ambition est de bâtir une société qui développe des technologies de pointe tout en étant tourné sur l’humain. Le constat est simple, le secteur industriel et milieux politiques du 21e siècle n’ont ni l’ambition ni le courage d’innover pour adresser les défis de notre époque. Rester un simple employé dans un grand groupe ne permet pas de prendre les risques nécessaires pour espérer changer le cours des choses, d’où la création de TransPod pour essayer de faire la différence.

Comment respectez-vous l’environnement ? Qu’avez-vous mis en place de différent ?

La manière dont les gens se déplacent aujourd’hui n’est pas durable, les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports représentent environ 25% des émissions globales. La préoccupation pour l’environnement est l’essence même de TransPod qui développe une solution de transport 100% électrique, tout en s’assurant que la source d’énergie soit renouvelable (ou nucléaire); c’est ce que nous faisons en Alberta. Pour notre infrastructure, nous travaillons avec des entreprises qui développent des solutions bas carbones comme le béton fait à partir de déchets industriels ou des aciers produits en utilisant de l'hydrogène ou de la biomasse. Selon nos calculs préliminaires, nos émissions de CO2 liées à la construction de l’infrastructure seraient amorties par les émissions évitées par la ligne TransPod en moins de 3 ans d’opérations. Il s’agit de prendre en compte l’origine et la nature des matières premières et “carbone intrinsèque”. En plus de construire une infrastructure résiliente aux aléas climatiques, nous développons une infrastructure respectueuse de la biodiversité qui ne coupe pas les corridors biologiques. La configuration surélevée d’une infrastructure, TransPod doit permettre à la vie sauvage ainsi qu’aux exploitants agricoles, de continuer de circuler de part et d’autre d’une ligne TransPod. Pour terminer, le système TransPod fonctionnant dans des tubes à faible pression, les nuisances sonores sont drastiquement réduites contrairement à l’aviation ou encore les lignes de train à grande vitesse.

Qu’est ce que TransPod apporte de plus aux transports à très grande vitesse déjà existants ?

TransPod apporte une plus grande flexibilité d’usage. L’objectif est de fournir aux futurs usagers des lignes TransPod la fréquence du métro et par conséquent éliminer le stress lié aux déplacements de plusieurs centaines de km. L’autre objectif est de ne plus avoir le stress de manquer son avion ou son train. TransPod permet une meilleure rentabilité économique en mixant dans une même ligne des véhicules transportants des passagers et des marchandises du type fret express et nourriture. Le but est de maximiser l’utilisation de l’infrastructure ce qui améliore la rentabilité. La conséquence immédiate est aussi de diminuer le nombre de camions sur les routes, les vols court-courriers entre les grandes villes. TransPod c’est aussi un meilleur respect de l’environnement qui permet la libre circulation de la vie sauvage le long de ses lignes et une pollution sonore quasi inexistante. Enfin, la vitesse accrue (1000 km/h) pour mieux concurrencer les vols court-courrier sur des distances supérieures à 300 km.

Quels sont vos prochains objectifs à court et long terme ?

Nos objects pour 2023 sont de finaliser l'investissement dans TransPod entre $300M et $400M pour le développement complet de la technologie. Nous souhaitons terminer la construction du site d’essai à Droux, au nord de Limoges. Et nous allons démarrer la construction d’un deuxième prototype à échelle 1/2.