Lundi 27 février 2023, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Xavier Boidevézi (président co-fondateur, EKTAH)


EKTAH : cinq questions à Xavier Boidevézi

La biotech EktaH est engagée dans l’innovation scientifique pour lutter contre l’obésité, un des grands défis du XXIe siècle. Xavier Boidevézi, président co-fondateur, explique comment lui et son équipe mettent tout en œuvre pour développer un médicament traitant cette maladie.

Que propose EktaH ?

EktaH est une biotech, une startup qui ambitionne de vaincre l’obésité dans le monde. Mais EktaH, c’est avant tout une rencontre entre le professeur et chercheur Naim Khan et moi-même. Il y a maintenant plus de 2 ans, Naim me présentait ses travaux car il souhaitait créer une société qui allait développer les solutions thérapeutiques issues de ses recherches et moi je cherchais un projet plus entrepreneurial. Nous nous sommes associés avec 2 autres scientifiques qui travaillent avec Naim depuis longtemps et nous avons incubé notre projet, puis créé la société avant de réaliser une première augmentation de capital puis de gagner nos premiers concours pour financer nos travaux. Maintenant, nous avons cadré et dimensionné notre projet, clarifié la vision, quantifié le marché et atteint nos premiers jalons comme la première étude clinique.  

Sur quels types de médicaments travaillez-vous ? 

Nous avions envisagé un complément alimentaire sous forme de spray au démarrage. Aujourd’hui, si cette option reste toujours une éventualité, nous travaillons sur une solution thérapeutique orale comme un comprimé. En effet, si nous souhaitons apporter une solution aux personnes en situation d’obésité et pas seulement aux personnes en surpoids, nous devons travailler sur un médicament, l’obésité étant considérée comme une maladie depuis 1997. La forme galénique du spray est intéressante car elle montre bien où notre produit agit : sur les récepteurs gustatifs situés sur la langue, mais cette galénique peut être plus dure à doser précisément, ce que demandera un médicament, d’où le travail actuel sur un comprimé.  

Quelle est la place de l’innovation au sein de votre entreprise ?

EKTAH est basée sur l’innovation. La société est qualifiée de Deeptech, c'est-à-dire une startup qui propose un produit basé sur une innovation de rupture qui a pour ambition de s’attaquer à la résolution des grands défis du XXIe siècle : lutter contre l’obésité en fait partie. De plus, une des forces d’EKTAH est d’avoir identifié les récepteurs du goût du gras et d’avoir pu immortaliser des cellules murines et humaines de ces récepteurs. Cette technologie que nous sommes les seuls au monde à posséder, nous permet de réaliser du screening moléculaire soit pour identifier de nouveaux candidats soit pour aider des acteurs de l’industrie agroalimentaire à identifier les agonistes les plus puissants du goût du gras, du sucre ou de l’amer par exemple.

Une levée de fonds est en cours, à quoi va-t-elle servir ?

En 2022, EKTAH a initié sa « First in Human », c'est-à-dire la première étude sur l’homme. L’ambition de cette étude était de valider l’innocuité de la molécule. Cette innocuité étant validée, nous devons maintenant prouver l’efficacité sur une population obèse. Nous sommes actuellement en période de levée de fonds. Nous estimons nos besoins en financement à environ 9millions d’euros pour les jalons à venir, comme par exemple : une étude d’efficacité, le travail sur la galénique, le passage à l’échelle de la synthèse de la molécule. Évidemment, il va falloir continuer à faire grandir et structurer nos équipes. 

Quelles sont les évolutions à venir ? Les prochains objectifs à atteindre ?

Réussir notre levée de fonds car les financements c’est le nerf de la guerre, mais également poursuivre notre R&D, renforcer notre équipe, s’entourer d’experts pour préparer dès maintenant, et en parallèle du marché européen, les études et autorisations nécessaires pour le marché américain, premier marché mondial en ce qui concerne l’obésité et évalué à 90 Mrds de dollars d’ici à 2030.