Vendredi 21 avril 2023, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Yoann Chery (Président Fondateur, Groupe Leader Insurance)


GROUPE LEADER INSURANCE : cinq questions à Yoann Chery

Fondé fin 2003, le Groupe Leader Insurance propose grâce à ses filiales des solutions d'assurance adaptées allant de la TPE à la grande entreprise. Yoann Chery, Président Fondateur, expose l’évolution du métier d’assureur et sa vision de l’entrepreneuriat.

Vous êtes un serial entrepreneur. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Mon parcours est atypique. Je suis allé en centre de formation de football au FC Sochaux, puis j’ai fait des études de droit. A 19 ans, j’ai ouvert un vidéo club automatique et je me suis lancé dans l’immobilier à 20 ans. Très jeune, j’ai eu cette volonté d’entreprendre, de vivre l’aventure et d’avoir de l’adrénaline. Ensuite, j’ai lancé plusieurs sociétés dans des domaines très différents mais un lien naturel s’est fait entre elles. 

J’aimerai revenir en particulier sur votre success story : l’assurance et le Groupe Leader Insurance. Vous êtes partis de zéro en 2003 et 20 ans après vous êtes dans le top 10 du courtage français. Quel est votre secret de réussite ? 

J’ai une passion pour l’aventure entrepreneuriale. Les rencontres et les hommes sont essentiels dans mon parcours. Ceci explique d’ailleurs ma façon de manager. Je pense que j’ai un management atypique. J’ai une relation de proximité avec tous les courtiers et une vision dynamique du métier. On peut dire que j’ai dépoussiéré l’assurance avec ma société Groupe Leader Insurance. J’ai toujours eu la volonté de diversifier mon activité et de proposer un concept innovant : optimiser les délais (gain de temps), optimiser les coûts (digitalisation entre autres), rendre un modèle scalable (rechercher un mode de fonctionnement optimal) et faciliter l’expérience client. Au sein de Groupe Leader Insurance, les clients trouvent un accueil personnalisé et peuvent surtout ressentir la bienveillance et la passion que partagent tous les collaborateurs. 

L’assurance change beaucoup ces derniers temps. Comment voyez-vous l’arrivée des insur tech ? 

Il y a effectivement des vagues d’arrivées d’insurtech et assurtech sur le marché aujourd’hui (les insurtech nous aident souvent à proposer de meilleurs services, les assurtech peuvent par contre être des concurrents). Mais la prise de parts de marché de ces deux catégories reste faible selon moi. Ils ont subi ces derniers temps des vagues de licenciement, prouvant l’échec de certaines d’entre elles. On ne peut nier les beaux succès de certaines autres. Ces dernières réussissent car elles répondent à un besoin. Mais je trouve que leur offre manque souvent de conseil, de personnalisation du service proposé. Contrairement à ce que je propose dans mes sociétés, vous l’aurez compris. Attention en parallèle à l’effet « levée de fond » qui fait perdre la tête. Cette impression d’avoir des moyens illimités peut donner envie de partir dans tous les sens et ainsi faire perdre la réalité de la gestion au quotidien (qui est pourtant le socle de la réussite de notre métier). Dans cette même logique, je trouve que la plupart des insurtech sont pour beaucoup déconnectées des besoins des clients. Elles pensent à ce qu’elles ont envie de faire dans l’idéal de ce qu’elles avaient imaginé, plutôt que de penser concret « de quoi à besoin mon client, et comment répondre efficacement à ce besoin ». De plus, l’assurance est un métier de confiance et de proximité et la toute digitalisation n’apporte pas ce confort à certains clients. L’assurance n’est pas un produit de consommation classique. 

D’un point de vue plus global, l’assurance est souvent critiquée. Pendant le covid, il y a eu des mises en cause d’assureurs qui n’étaient pas au rendez-vous. Qu’en pensez vous ?

La règle en assurance est simple (c’est notamment une règle qui nous est imposée par la loi), il faut que le rapport sinistre/prime (on dit sinistre sur prime ce qui veut dire le montant du sinistre divisé par le montant de la prime payée) soit au total = à 100/. Si en dessus, l’assureur perd de l’argent, si en dessous, il en gagne. L’idée est de rester à l’équilibre pour maintenir le système. Si tous les sinistres covid avaient été acceptés, la partie sinistre aurait été bien plus importante que la partie prime, et les assureurs seraient devenus insolvables (n’auraient plus eu les fonds pour payer les autres éventuels sinistres). Beaucoup auraient dû mettre la clef sous la porte en laissant leurs assurés sur le carreau. Et au final, des solutions ont quand même été trouvées par les assureurs en relation avec le ministère de l’économie. Leader n’est pas assureur, mais courtier. Notre métier est d’expliquer à notre client pourquoi il ne peut être remboursé, quand il ne peut pas l’être, et de négocier avec l’assureur, quand nous estimons qu’il y a erreur d’interprétation, ou qu’un geste commercial devrait être réalisé. Nous sommes le mandataire de nos clients à qui nous offrons un service sur mesure et de proximité. Dans le cas du covid certains dossiers étaient défendables, mais pas tous. A noter que nous sommes spécialistes de la construction, nous avons été moins touchés par le covid.

Vous êtes président du groupe et actionnaire majoritaire, vous n’êtes plus opérationnel et avez nommé un directeur général, un comité exécutif ainsi qu’un comité de direction. A titre personnel, comment vivez-vous ce récent changement et quel rôle avez-vous maintenant dans le groupe leader insurance ?

Ce n’est pas simple pour moi car je confie mon « bébé ». Je relativise car je sais que c’est nécessaire, je m’adapte mais la confiance n'exclut pas le contrôle ! Mon travail désormais, est de regarder la croissance externe et surtout de vérifier le maintien de l’âme et l’ADN du groupe leader insurance. Pour moi, le principal est de garder le respect des valeurs que j’ai mises en place car c’est ma vision de l’entrepreneuriat.