SMART MORNING SOUMIERmar. 16/05/23

Mardi 16 mai 2023, SMART MORNING SOUMIER reçoit Claire Lefranc (Présidente & CEO, KONDREE)


KONDREE : 5 questions à Claire Lefranc, Présidente & CEO

KONDREE est une société Medtech, qui développe des technologies médicales sur le sujet du stress oxydant. Elle a pour mission de proposer une prise en charge personnalisée de celui-ci en fonction d’une pathologie ciblée. Cette prise en charge repose sur une supplémentation personnalisée et ajustée en antioxydants. Claire Lefranc, Présidente et CEO nous en dit plus sur cette innovation dans un premier temps adressée aux patients atteints d’une maladie rare : la Myopathie FSH également sur ses projets de R&D cliniques à venir.

Présentez-moi l’entreprise KONDREE ? Quel est votre secteur d’activité et quelles sont vos activités ?

KONDREE est un spin-off montpelliérain, membre du réseau Eurobiomed créé en juin 2021. La start-up est incubée au BIC de Montpellier et co-incubée à la SATT AxLR (Société d’accélération et de transfert de technologie). Elle est composée de 5 associés : Claire LEFRANC (CEO), Thomas PERSON (CTO), Pr. Laoudj CHENIVESSE (concours scientifique FSH) ainsi que de deux chercheurs internationaux, spécialistes dans les domaines du stress oxydant et de la Myopathie FSH. KONDREE relève du domaine de la MedTech dans le secteur de l’E-santé. En effet, elle développe et met sur le marché Européen (CE) et international des programmes de R&D en vue d’élaborer des dispositifs médicaux numériques : notamment des logiciels d’aide à la prescription médicale personnalisée en antioxydants appliqués à une pathologie ciblée. La société propose également des molécules antioxydantes brutes à dosages ajustés, fabriquées en France (pour l’instant sous forme de compléments alimentaires) et sous la marque Ogynutrition.

Pouvez-vous nous parler un peu plus en détail du stress oxydant, qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce un problème ? Pourquoi ne peut-on pas simplement prendre des compléments alimentaires ?

Notre corps produit en permanence de manière physiologique des espèces réactives de l’oxygène (ERO) dont font partie les bien connus radicaux libres. Il s’agit donc d’un phénomène biologique naturel et nécessaire qui permet l’activation des systèmes de défense afin que notre corps « fonctionne normalement ». On parle de stress oxydant lorsqu’un déséquilibre important est constaté entre la production des espèces réactives de l’oxygène (ERO) et la présence d’antioxydants dans l’organisme.

Notre mode de vie, (tabagisme, alcoolisme, obésité, exercice physique intense), nos mauvaises habitudes alimentaires ainsi que le processus de vieillissement vont contribuer à augmenter de façon anormale la production des ERO dans notre organisme avec comme conséquence l’apparition d’un stress oxydant pathologique qui se traduit par des dommages oxydatifs au niveau des lipides, de l’ADN et des protéines. Ces dommages sont impliqués dans de nombreuses pathologies chroniques comme l’Alzheimer, les maladies cardiovasculaires … ou contribuent à l’aggravation de pathologies déjà en place comme la BPCO, le cancer, VIH, etc,…

La prise en charge médicale du stress oxydant est donc complexe pour les praticiens, aussi il n’est pas pris en charge dans le suivi des patients.

Quelle est votre expertise ? Comment pensez-vous solutionner ce problème ? Quel est votre lien avec la recherche publique ?

Notre expertise repose sur le transfert d’un savoir-faire unique au monde déjà éprouvé ayant fait l’objet d’un dépôt de brevet et portant sur une pathologie rare : la dystrophie facioscapulohumérale dans laquelle le stress oxydant joue un rôle clé.

Cette maladie rare est caractérisée par un dysfonctionnement musculaire altérant la qualité de vie, la tolérance à l'effort et conduisant chez les patients gravement touchés à dépendre d’un fauteuil roulant. Aucun traitement curatif n’est disponible à l’heure actuelle. Les travaux menés par le groupe de recherche du Pr. Dalila Laoudj CHENIVESSE de l’Unité mixte PHYMEDEXP (INSERM, CNRS et Université de Montpellier, dirigé par le Dr A. LACAMPAGNE) ont permis de souligner l’importance et la pertinence d’une stratégie thérapeutique ciblée basée sur l’utilisation de quatre molécules antioxydantes : Vitamine C, Vitamine E, Zinc et Sélénium. Cela a conduit à un essai clinique réalisé au CHU de Montpellier au sein du service de Physiologie clinique du Pr. MERCIER [N° de l’étude clinique : NCT01596803]. Il ressort de l’étude : une augmentation significative de la force et de l’endurance du quadriceps dont l’atteinte est considérée comme un marqueur de la sévérité de la maladie, corrélée à une diminution du stress oxydant et une augmentation des défenses antioxydantes chez les patients atteints de FSHD [E. Passerieux et al., FRBM 2014]. A l’issue d’une nouvelle étude qui, cette fois sous forme de soin courant, a permis au Pr. Laoudj CHENIVESSE d’élaborer un arbre décisionnel afin de personnaliser la prescription en antioxydant.

Le développement d’une telle solution pour les patients atteints de FSHD constitue une première médicale et la mise en place d’une telle méthodologie peut servir de base à d’autres pathologies comme la fragilité et le vieillissement.

Le Pr. Laoudj CHENIVESSE a ensuite obtenu une phase de maturation de l’innovation avec le SATT AxLR en 2020 avant la création de la start-up KONDREE en juin 2021. Dont l’une des missions sera de développer sur cette base des logiciels dispositifs médicaux pour rendre accessible ce parcours de soin à travers le monde.

Quels sont les produits que proposent votre société ?

KONDREE proposera prochainement le premier parcours de soin du stress oxydant, appliqué à une pathologie : la Myopathie FSH dans un premier temps prendra le relais sur les protocoles cliniques en cours.

KONDREE possède d’une part grâce à son équipe et Board une expertise unique et certifiée permettant le dosage et l’analyse des biomarqueurs du stress oxydant. Les bilans biologiques étant le point de départ de toutes propositions de supplémentation en antioxydant pour une prise en charge pertinente des patients avec un ajustement tous les 6 mois. Elle développe d’autre part, un logiciel d’aide à la prescription composé de deux modules : un outil de gestion du parcours de soin pour aider les professionnels de santé dans la prise de RDV, envoie des questionnaires santé, recueil des données etc nécessaires ainsi qu’un outil algorithmique issu de la phase de recherche (savoir-faire) qui prend la forme d’un arbre décisionnel pouvant proposer une réponse antioxydante en fonction des données d’entrées. Pour finir, KONDREE a développé en marque blanche la gamme Ogynutrition.com afin de proposer sous forme de compléments alimentaires, les dosages précis en antioxydant : vitamines et oligo-éléments. La composition des brutes, les molécules sont fabriquées en France par un laboratoire national spécialisé dans le respect des normes de qualité, de traçabilité et de sécurité.

Depuis peu, KONDREE lance en sus une gamme officine qui se compose de 6 packs élaborés à partir des dosages spécifiques pour proposer à un public plus large la qualité et le savoir-faire sur des applications de vie quotidienne.

Avez-vous d’autres projets de R&D à venir ? Besoins ?

KONDREE souhaite pouvoir s’adresser à toutes pathologies pour lesquelles les patients présentent un stress oxydant ce qui impliquera, à chaque fois, une nouvelle phase de recherche clinique. Notre prochaine cible et programme de R&D est consacré à la fragilité des sujets âgés, le vieillissement. Nous avons obtenu pour celle-ci les premiers financements nécessaires et lançons prochainement une première étude clinique prospective avec un CHU français, en vue de définir les contours de la suite : essai clinique qui suivra sur plusieurs Centres Hospitaliers européens.

Nous lançons toutefois un premier tour de levée de fonds dès à présent auprès de Business Angel à hauteur de 500K€, ticket d’entrée à 50K€ pour co-financer la fin du développement du premier dispositif médical sur la FSHD et permettre sa mise sur le marché européen plus rapidement d’ici fin 2025. Cela nous permettra de répondre à la demande des patients FSHD en Europe qui n’ont pas pu être inclus dans le protocole clinique des soins courants qui d’ailleurs s’achève cette année au CHU de Montpellier.