Tech talkSMART TECHlun. 22/05/23

Lundi 22 mai 2023, SMART TECH reçoit Pierre-Alexis de Vauplane (Partner, Ring Capital) et Philippe Rodriguez (Dirigeant, Avolta)


La French Tech à l'épreuve de la crise

Licenciements, chute des levées de fonds… Après avoir vécu une année record en 2022, la French Tech dit au revoir à l’hypercroissance. Les start-up françaises, comme leurs concurrentes américaines avant elles, subissent de plein fouet les effets de l’inflation et la remontée des taux d’emprunt, mais ce ne sont pas les seules raisons...

13,5 milliards d'euros, c’est le montant total des fonds levés par les star-tup de la French Tech l’année dernière, selon le baromètre annuel d'EY, soit 16 % de plus que sur l’année 2021.

Dans le même temps, les star-tup américaines et asiatiques ont subi une forte baisse des investissements (respectivement 30 % et 39 % de moins).  

Le fort engouement des investisseurs pour les pépites de la tech française semble cependant retomber au fur et à mesure que l’inflation s’installe. D’après une étude de Newfund, au premier trimestre 2023, les star-tup françaises ont levé 1,4 milliard d'euros, soit une chute de 68 % sur un an. Sur la même période, la baisse des investissements dans le secteur de la tech est évaluée à 12 % en Europe, 1 % aux États-Unis et de 27 % en Asie.

« On est dans une situation qui est difficile », reconnaît Philippe Rodriguez, le dirigeant d’Avolta, une banque d’affaires spécialisée dans la tech. « Après les années records de 2021 et 2022 qui sont très largement au-dessus du trend que l’on avait dans les années passées, la fête est finie et l’on revient à un cycle de croissance qui ressemble beaucoup plus à ce que l’on a connu en 2018, 2019 et 2020 », constate-t-il.

Serait-ce donc une normalisation après une période d’abondance ? 

« C’est une sorte de retour à la normale, si l’on regarde la croissance qui a eu lieu ces dernières années, bien que les valeurs de 2019 et 2020 étaient probablement faibles », rappelle Philippe Rodriguez. « C’est tout de même une décroissance importante, car au premier trimestre, il y a eu 68 % de valeurs de levées de fonds en moins, par rapport au premier trimestre 2022, c’est beaucoup, les robinets sont réellement coupés ».

Pour Pierre-Alexis de Vauplane, Partner au sein du fonds Ring Capital, cette nouvelle réalité peut être bénéfique pour la tech française. « Aujourd’hui, on en est au temps des questions, nous sommes sortis de l'adolescence de la French Tech après plusieurs années de croissance », indique-t-il, « en 2012 nous faisions moins d’un milliard d’investissements dans la French Tech ». Selon lui, les star-tup de la tech doivent aujourd’hui répondre à de nouveaux enjeux. « Aujourd’hui, beaucoup d’investisseurs se posent des questions sur la durabilité financière des entreprises, c'est-à-dire leur rentabilité mais aussi sur la durabilité environnementale et sociale, avec la question de l’alignement aux enjeux climatiques notamment », explique-t-il, « c’est donc une année exceptionnelle qui permet à tout le monde de se poser les bonnes questions et ça c’est bénéfique », conclut Pierre-Alexis de Vauplane.