Enjeux patrimoineSMART PATRIMOINEmer. 21/06/23

Mercredi 21 juin 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Raphaël Bloch (Cofondateur, The Big Whale) et Sébastien Gouspillou (cofondateur, BigBlock Datacenter)


Bitcoin : quel bilan pour le Salvador ?

Le 7 septembre 2021, le Salvador a officialisé le Bitcoin comme monnaie d’échange officielle, à côté du dollar. Une première mondiale qui devait lui permettre de dynamiser son économie en attirant de nouveaux investisseurs et faciliter les transferts de fonds avec sa diaspora. Plus d’un an et demi après cette réforme portée par le gouvernement, les effets restent mitigés.

« Pour des Européens, c’est compliqué de comprendre pourquoi d’autres pays s'intéressent autant au Bitcoin, car nous avons globalement une monnaie stable malgré l’inflation. Dans d’autres pays, où la monnaie est soumise à de fortes instabilités, le pouvoir d’achat ne cesse de baisser », rappelle Raphaël Bloch, le cofondateur, de The Big Whale, média spécialisé sur les cryptomonnaies.

Un avis partagé par Sébastien Gouspillou, le cofondateur de BigBlock Datacenter. Pour lui, les Européens n’ont pas saisi tous les objectifs visés par le gouvernement salvadorien. « L’essentiel des gens en Europe ont un compte bancaire, au Salvador en 2021, environ 30 % des adultes en avaient un. Le président Bukele a voulu, avec l'adoption du Bitcoin, donner une inclusion financière à son peuple. Aujourd’hui, on estime que 70 % des Salvadoriens ont soit un compte en banque, soit un portefeuille crypto, notamment celui développé par l'État : le portefeuille Chivo », explique-t-il. 

Pourtant, selon une enquête de l'Université d'Amérique centrale (UCA), 75,6 % des Salvadoriens interrogés ont déclaré ne pas avoir du tout utilisé de Bitcoin en 2022. De quoi remettre en question son adoption par la population ?

« L'objectif n'était pas que tous les Salvadoriens se mettent à utiliser le Bitcoin », poursuit Sébastien Gouspillou. « La monnaie, c'est le dollar et en plus, il y a le Bitcoin. Là où le progrès est intervenu, ce n’est pas sur les paiements en Bitcoins, c’est sur l’éducation financière et la possibilité d’avoir un portefeuille pour stocker des dollars », affirme-t-il.

Demi-succès ou un demi-échec ?

Depuis son adoption par le Salvador, la valeur du Bitcoin a été soumise à une forte volatilité qui a engendré des pertes financières non négligeables pour l’État et la population. En septembre 2021, son cours se situait aux environs des 45 000 dollars et 68 000 dollars trois mois plus tard. Il a ensuite chuté fortement pour se stabiliser aujourd’hui légèrement au-dessus de 30 000 dollars. 

Plus généralement, les critiques du président salvadorien Nayib Bukele, lui reproche ses investissements massifs dans l’industrie des cryptomonnaies, notamment l’instauration de zones franches pour attirer les investisseurs étrangers et la création d'usines de minage à un milliard d’euros.

Des investissements qui, par défaut, ne sont aujourd’hui plus dirigés vers les infrastructures publiques (santé, éducation, transports…), alors qu’en 2020, plus d’un quart de la population salvadorienne vivait sous le seuil de pauvreté.