Le cercle RHSMART JOBlun. 03/07/23

Lundi 3 juillet 2023, SMART JOB reçoit Anne-Sophie Rousseau (Directrice adjointe, URSSAF PICARDIE) et Jérôme Friteau (Directeur des Relations Humaines et de la transformation, CNAV)


Services publics : une expérimentation de la semaine de quatre jours en demi-teinte

En janvier dernier, Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes publics, a annoncé l’expérimentation de la semaine de quatre jours pour les agents des services publics. L’Urssaf de Picardie et la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse) ont ainsi pu proposer à certains de leurs collaborateurs, de répartir leurs 36 heures de travail hebdomadaire sur une durée de quatre jours, au lieu de cinq comme c’était le cas jusqu’à présent. Près de six mois après, le bilan est mitigé.

En France, la semaine de quatre jours concernerait actuellement près de 10 000 salariés selon les données du ministère du Travail. Le secteur privé concentre la majorité des adeptes de cette nouvelle organisation, mais depuis peu le secteur public commence à s’y intéresser. Depuis 6 mois, une première expérimentation de ce dispositif est menée au sein de l’Urssaf de Picardie et la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse).

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette annonce n’a pas vraiment suscité d’engouement : sur les 300 salariés qui composent l’antenne picarde de l’Urssaf, seuls trois se sont portés volontaires. Pour autant, du côté de la direction, on ne parle pas d’échec, bien au contraire. « Nous considérons que la semaine de quatre jours, c’est une proposition que l’on fait à nos salariés. Certes, seuls trois salariés l'ont choisie, mais pour ces trois salariés, c'est une réussite, donc c’est une réussite pour nous ! », indique Anne-Sophie Rousseau, la directrice adjointe de l'Urssaf Picardie, « la semaine de quatre jours, c'est une nouvelle organisation de travail, c’est un calcul du nombre de RTT qui changent, nous avons ainsi voulu laisser à chacun le choix », précise-t-elle.

Côté CNAV, l'expérimentation de la semaine de quatre jours est une suite logique à la politique de personnalisation de l’organisation de travail qui a lieu depuis 2014. « Depuis 2014, avant Covid, nous avons mis en place du télétravail, en 2015 nous avons introduit de la souplesse organisationnelle pour les managers, en 2018 de la souplesse sur les horaires de travail (...) En 2022 nous avons négocié avec les partenaires sociaux pour expérimenter la semaine de quatre jours, pour les salariés qui pouvaient très peu télétravailler », explique Jérôme Friteau, le directeur des Relations Humaines et de la transformation de la CNAV. « Finalement, nous avons décidé de l’ouvrir à plus de salariés pour étudier l’impact que cela pouvait avoir sur l’attractivité et l’organisation du travail ».

Pour le moment, Jérôme Friteau ne souhaite pas lui non plus tirer de conclusion sur cette expérimentation qui a débuté en février dernier pour 9 mois et qui concerne 20 salariés répartis sur sept métiers différents. « Au bout des neufs mois, on reviendra à la table des négociations pour voir si l'on élargit davantage et si l'on réussit à convaincre plus de managers, car nous n’avons pas voulu forcer nos managers », raconte-t-il.

Nul doute que ce test sera scruté avec attention par le gouvernement. Outre le bien-être des salariés qui travaillent actuellement au sein des services publics, la semaine de quatre jours est aussi un enjeu d’attractivité pour les futurs talents. Selon un sondage Yougov parut en avril 2023, près de 75 % des Français sont favorables à la semaine de quatre jours.