SMART SHORTS du 3 juillet 2023
Street art : sa place sur le marché de l’art
À guichet fermé pendant plus de 6 mois, l'exposition "Capitale(s)" à la Mairie de Paris a démontré l’intérêt que les Français portent pour l'art urbain.
Depuis les années 1960, ce mouvement a connu une popularité croissante et est devenu pleinement institutionnalisé, comme en témoignent les nombreuses villes qui arborent fièrement des fresques de street-art dans leurs rues.
Un tournant décisif s'est opéré dans les années 2000 grâce à l'émergence des réseaux sociaux. Les œuvres d'Invader ont commencé à être traquées dans les rues tandis que celles de Miss Tic se sont largement propagées. Ce mouvement a séduit les plus jeunes générations ainsi que les collectionneurs, à tel point qu'en 2006, Artcurial a créé un département dédié à l'art urbain. La campagne présidentielle de Barack Obama en 2008 a propulsé l'artiste Obey (Shepard Fairey) sur le devant de la scène lorsqu'il a créé la célèbre affiche "Hope". Certaines ventes aux enchères ont marqué les esprits, avec la vente de l’oeuvre "Final Days" de Kaws, adjugée à 985 000 €, ou encore "Rubik Space" d'Invader, qui a changé de main pour la somme de 492 600 €. Des événements marquants ont également jalonné cette période, tels que les ventes "Don't believe the Hype" en mai 2019 et "Outsider(s): a History of Beautiful Losers" en octobre de la même année.
Ce qui caractérise le street-art aujourd'hui, c'est l'explosion des médiums utilisés. On passe de la bombe aérosol au collage, de la peinture à la gravure, comme le démontrent les œuvres de Vhils. Bien qu'il existe des artistes établis tels que Speedy Graphito, John One et Seth, le collectionneur Nicolas Laugero Lassere recommande tout de même de se tourner vers les artistes émergents pour débuter une collection, tels que Levalet, Philippe Baudelocque, Romain Froquet, Madame, Kashink et Kraken. Ces artistes offrent encore des œuvres abordables, avec des prix avoisinant les centaines d'euros si l'on s'intéresse à leurs dessins préparatoires, leurs travaux en atelier sur toile ou en sérigraphie, inspirés de leurs créations urbaines. Les petits dessins originaux peuvent quant à eux se négocier entre 500 et 1000 euros.
Pour le street-art, Paris est véritablement un musée à ciel ouvert, avec des quartiers tels que le XIIIe arrondissement qui regorgent de merveilles. Le centre d'art urbain Fluctuart propose de nombreuses expositions gratuites et la ville compte une centaine de galeries dédiées à cet art, parmi lesquelles Itinerrance, Lavo Matik et la galerie Mathgoth...