SMART SHORTS du 3 juillet 2023
« Le Docteur Conti : L'architecte de l'une des plus grandes arnaques aux grands crus du monde »
Au début des années 2000, un jeune Indonésien du nom de Rudy Kurniawan fit son entrée fracassante dans le monde feutré des collectionneurs américains de vins d'exception. Il se présente comme un riche héritier, il achète de nombreux grands crus à des prix exorbitants, notamment ses préférées, les bouteilles de Romanée-Conti. Grâce à sa mémoire prodigieuse, il se forge une crédibilité en citant les avis d'autres experts en œnologie. En 2004, il s'associe avec John Kapon pour orchestrer des ventes aux enchères de vin qui battent des records, mais la supercherie finit par être découverte.
Connaissez-vous le « Docteur Conti » ? Derrière ce surnom mystérieux se cache l'histoire fascinante et sombre de Rudy Kurniawan, l'architecte d'une des plus grandes arnaques aux grands crus dans le monde du vin.
Au début des années 2000, un jeune Indonésien âgé d'à peine une vingtaine d'années débarque dans le monde privilégié des collectionneurs américains de vins d'exception. Affichant une fortune qui semblait illimitée, Rudy Kurniawan acquiert de nombreuses bouteilles de grands crus à des prix exorbitants. Parmi ses préférées, les précieuses bouteilles de Romanée-Conti.
Sa passion pour les grands vins lui permet de constituer en quelques années une cave d'exception. En 2004, Rudy Kurniawan fait équipe avec l'homme d'affaires John Kapon, et ensemble, ils organisent les ventes aux enchères de vin les plus prestigieuses du monde. Leur réussite est telle qu'en janvier 2006, l'une de ces ventes bat même le record mondial avec plus de 35 millions de dollars de recettes.
Cependant, au fil des ventes, certains détails éveillent l'attention des vignerons avertis. En 2008, lors d'une vente aux enchères, Rudy inscrit au catalogue 84 bouteilles du Domaine Ponsot, en Bourgogne, datées de 1945 à 1972. Un problème majeur se pose alors, car le producteur de ce cru n'a commencé sa production qu'en 1982. Parallèlement, un collectionneur nommé Douglas Barzelay rassemble un panel d'experts triés sur le volet pour déguster à l'aveugle une quinzaine de millésimes, achetés lors d'une des ventes. Le constat est sans appel : aucune des bouteilles n'est authentique.
La suspicion grandit, et une plainte est déposée. C'est alors que le FBI entre en scène, montant un dossier contre le « Docteur Conti ». En mars 2012, les agents arrêtent Rudy Kurniawan et perquisitionnent son domicile. Ils y découvrent de nombreuses fausses étiquettes, des bouchons, de la cire et des capsules, ainsi qu'un véritable laboratoire ayant servi à embouteiller des vins peu prestigieux sous de fausses appellations. Parmi les trouvailles, les enquêteurs mettent aussi la main sur des correspondances compromettantes qui attestent de la supercherie orchestrée par Rudy Kurniawan.
Son procès s'ouvre en décembre 2013, à New York, et de nombreux propriétaires de domaines viennent témoigner contre lui. La sentence est prononcée en août 2014 : Rudy Kurniawan est condamné à dix ans de prison et doit rembourser 28 millions de dollars à certains clients lésés.