SMART SHORTS du 3 juillet 2023
Les Années Folles : Marthe Hanau, icône de liberté et d'arnaque
Les Années Folles du 20e siècle sont marquées par un bouillonnement de libertés, d'émancipation, mais aussi de fraudes audacieuses. Marthe Hanau, une femme au caractère affirmé, incarne à la fois l'esprit de son temps et les dérives de cette époque tumultueuse. Son parcours traverse la transgression des normes sociales, la création de scandales financiers et l'ascension fulgurante d'une fausse banquière.
Issue d'une famille juive conservatrice, Marthe Hanau défie les normes dès son adolescence. Elle s’habille en garçon, fume et conduit des voitures de sport. Elle entretient même des relations amoureuses avec des femmes, bravant ainsi les conventions de genre et de sexualité de l'époque.
Pour apaiser les inquiétudes de sa famille, Marthe épouse en 1906 Lazare Bloch, un riche industriel. Ensemble, ils se lancent dans une première grande arnaque en pleine Première Guerre mondiale. Sous couvert de patriotisme, le couple commercialise une boisson énergisante pour les soldats, surnommée le « bâton du soldat ». Cependant, au lieu de revigorer les troupes, la boisson les plonge dans un sommeil profond. L'escroquerie est démasquée et Marthe et Lazare sont condamnés.
Déterminée à réussir financièrement, Marthe se tourne alors vers les milieux financiers et crée un journal d'information économique, la « Gazette du Franc ». Cette publication devient rapidement une référence grâce à des conseils d'investissement avisés. Marthe capitalise sur ce succès pour fonder le premier regroupement de syndicats d'actionnaires. Mais derrière cette façade florissante se cache une pyramide de Ponzi, où les investisseurs anciens sont payés grâce aux fonds des nouveaux entrants.
Marthe Hanau, surnommée la « banquière des années folles », attire à la fois la jalousie des établissements financiers traditionnels et la critique de la presse antisémite. Son empire frauduleux est dévoilé par un ancien collaborateur en 1928. Accusée d'escroquerie, Marthe écope de deux ans de prison en 1930.
Après une libération anticipée, elle lance un nouveau journal, « Forces », où elle attaque ses détracteurs et divulgue des informations confidentielles liées à son affaire et elle plonge de nouveau dans des problèmes judiciaires.
Trois ans plus tard, elle est condamnée à trois mois de prison. Son appel se retourne contre elle et sa peine est alourdie à trois ans. Épuisée par les batailles judiciaires, Marthe met fin à sa vie à la prison de Fresnes le 14 juillet 1935.
