Samedi 4 novembre 2023, SMART @WORK reçoit Corinne Lejbowicz (Mentore, association Moovje) , Bénédicte Sanson (Cofondatrice et déléguée générale, Moovje) et Xavier Laurent (Directeur de Programme, Groupe Manutan)
Le mentorat, remède à la solitude de l’entrepreneur
Entreprendre est un chemin bien souvent solitaire. Construire son business, prendre des décisions, manager, avoir la tête dans le guidon, le quotidien d’un entrepreneur est bien rempli. Un sparring-partner fait bien souvent défaut et le mentorat peut jouer un rôle considérable pour combler ce manque.
Le sujet est humain, avant d’être business. « Le mentorat s’adresse à la personne dans un contexte professionnel, on veut faire en sorte qu’elle se réalise personnellement à travers son projet. » Cofondatrice et déléguée générale de l’association Moovje, spécialisée dans le mentorat, Bénédicte Sanson sait que les jeunes entrepreneurs vivent une expérience exigeante « avec beaucoup de nuits blanches ». D’où l’idée de constituer un duo avec un mentor, un entrepreneur d’expérience, capable de challenger et de poser les bonnes questions.
L’humilité, première qualité du mentor
Le dispositif de mentorat qu’elle propose vise « à apporter un peu de sérénité » et, surtout, un soutien humain. « Le mentor n’est pas le sachant absolu, sa première qualité, c’est l’humilité », soutient-elle, insistant sur la philosophie maison « de l’accompagnement, pas du coaching ». En clair, le mentor est forcément un autre entrepreneur, idéalement chevronné, car « personne n’est mieux placé pour vous accompagner que quelqu’un qui a déjà vécu ce que vous vivez ». Mais il écoute et questionne plus qu’il ne dit comment faire.
Tout entrepreneur expérimenté n’est cependant pas taillé pour le rôle. Au Moovje, chaque accompagnateur potentiel suit une formation et « on en a régulièrement qui nous disent que ce n’est pas fait pour eux », précise Bénédicte Sanson. Elle-même devenue mentore sans vraiment l’avoir imaginé en amont, Corinne Lejbowicz dit avoir plongé grâce « à la rencontre avec un jeune qui était vraiment en demande, sa motivation m’a séduite ». Sa fonction, elle la voit comme un équilibre très fin à respecter. « On ne conseille pas, on doit aider l’autre à cheminer par le questionnement. Les premières séances, on se retient de ne pas dire “appelle ton comptable”, “monte un board”… Cela devient plus puissant avec le temps, car on le fait de mieux en mieux. » Et l’objectif, « c’est de les aider à révéler des solutions qu’ils ont déjà en eux ».
« On peut tout dire à son mentor »
Pour Xavier Laurent, directeur de programme du groupe Manutan, « le mentor doit donner beaucoup de recul au mentoré » quand le coaching, complémentaire, consistera à « aider l’entrepreneur à passer des étapes dans la vie de son entreprise ». Dans la majorité des cas, l’accompagnement débouche sur une croissance de la structure, mais dans d’autres, plus minoritaires, « c’est un accélérateur de prise de conscience qu’il faut arrêter ». « Si le mentoré doit aller dans le mur, il faut le laisser aller dans le mur », confirme Bénédicte Sanson.
Que l’entreprise créée prospère ou s’arrête, l’essentiel reste l’expérience partagée, tant pour le mentoré que son mentor. « La fin de la relation mentorale se traduit souvent en début d’une longue amitié », assure Bénédicte Sanson. Corinne Lebjowicz assure quant à elle que régulièrement ces entrepreneurs dont elle était la confidente ultime -« on peut tout dire à son mentor »- la contactent après la fin des programmes pour pouvoir continuer à travailler avec elle. La dynamique positive donne des idées à Bénédicte Sanson pour élargir le concept aux jeunes qui entrent sur le marché du travail, « car le monde de l’entreprise, quand on le découvre, est très différent de l’image que l’on en peut en avoir ». Le programme devrait être lancé en janvier.