Lundi 8 janvier 2024, LE GRAND ENTRETIEN reçoit Philippe Degreze (Vice-Président Marketing, Accuray)


ACCURAY EUROPE : cinq questions à Philippe Degreze

Dans un monde en constante évolution, Accuray se distingue comme pionnier dans le domaine de la radiothérapie de haute précision. Avec des innovations qui redéfinissent les pratiques médicales, cette entreprise est à l'avant-garde de la lutte contre le cancer.

Pouvez-vous nous expliquer plus en détail votre activité ? Que propose Accuray ?

Accuray conçoit, développe, vend et assure la formation et la maintenance de deux équipements de radiothérapie de pointe : l’un est un robot (similaire aux robots qui peignent les voitures), l’autre est un scanner qui traite (il ressemble à un équipement d’imagerie). Ces deux technologies ont changé la radiothérapie en introduisant l’imagerie pour voir où et comment la dose est délivrée.

Quel est l’ADN de l’entreprise ?

On peut dire que c’est l’innovation continuelle. Pour ces systèmes, nous sommes partis de zéro sur la table à dessin, permettant ainsi d’inclure les derniers développements technologiques : ce n’est pas un hasard si l’un ressemble à un robot et l’autre à un scanner, c’étaient des innovations majeures dont le champ d’application a été étendu à la médecine et à la radiothérapie. 

Vous inventez des solutions uniques qui changent le marché. Comment faites-vous ?

Des inventeurs de génie… Changer les pratiques requiert du temps, des résultats pour convaincre de la valeur ajoutée d’une solution. Le temps de la preuve en radiothérapie est long, car les effets secondaires sont longs à apparaître. Le robot qui traite a récemment démontré qu’on pouvait, en toute sécurité, pour certains cas de cancer de la prostate passé de deux mois de visite quotidienne à l’hôpital à 5 jours avec des résultats aussi sûrs. Aujourd’hui nous avons la preuve que la radiothérapie appelée stéréotaxique délivrée par des appareils tel que notre robot CyberKnife® a de meilleurs résultats en termes de continence urinaire et de fonction sexuelle que la prostatectomie ou que des radiothérapies plus longues. Vous pouvez imaginer les conséquences pour un patient. Mais la technologie n’est pas tout : il faut une équipe médicale pour accueillir, accompagner et soigner les patients, il faut des hommes et des femmes pour assurer une logistique mondiale de formation, de pièces détachées pour l’entretien des équipements aussi sophistiqués que des moteurs d’avion. Il faut des partenariats, on ne travaille plus seul au XXIème siècle, on travaille en réseau : chaque société apportant son domaine d’expertise. On ne peut plus être l’expert en tout. Il faut savoir s’entourer.

Pourquoi travailler avec vous ? Quels sont les avantages ?

En matière de radiothérapie, nous ne nous contentons pas de traitement acceptable (good enough), la diversité des cas à traiter par un département de radiothérapie est telle que, « suffisamment bon », n’est plus suffisant. Il existe des cas où nos technologies font la différence. Le rôle de la radiothérapie est de délivrer la juste dose à la cible tout en minimisant la dose délivrée aux organes à risque. La TomoTherapy®, le scanner qui traite, est capable de créer des formes de dose qui s’adaptent à n’importe quelles cibles et avec une procédure, un workflow, simple quel que soit le cas.

Quelles sont les évolutions à venir ? Les prochains objectifs à atteindre ?

Les challenges du système de santé aujourd’hui, dès avant la crise du COVID, sont la crise des vocations et le déficit de personnel de santé formé. La réglementation impose déjà deux paires d’yeux pour un contrôle d’un personnel sur l’autre pour délivrer un traitement. La technologie aujourd’hui permet d’y ajouter une troisième paire : qu’on l’appelle intelligence artificielle ou non. Diminuer la variabilité et harmoniser les pratiques est un enjeu clair en radiothérapie : prenons par exemple le positionnement du patient tous les jours. Le bénéfice de caméras qui mémorisent la position du patient la veille et permet de guider le positionnement le jour suivant est un élément qui apporte confort aux personnels et reproductibilité dans le traitement. Diminuer la variabilité pour définir la cible avec des outils de contourage automatique est un autre élément d’harmonisation des pratiques : l’IA y joue un rôle clef, aujourd’hui tous les départements pensent ou sont déjà équipés de ces outils.