Le débatSMART IMPACTmar. 16/01/24

Mardi 16 janvier 2024, SMART IMPACT reçoit Yves Perrier (Président, Institut de la finance durable)


Financer la transition énergétique

Comment financer la transition écologique et énergétique ? Pour en parler : Yves Perrier, président de l’Institut de la finance durable (IFD), entité qui coordonne l'action de la Place financière de Paris pour la transformation de l'économie vers un modèle bas-carbone. Il revient sur la mobilisation de l’épargne des Français, sur le problème de la rentabilité économique des projets de transition, ou encore sur le fait que le défi climatique implique une véritable révolution industrielle.

Le chiffre peut donner le tournis, entre 50 et 70 milliards d’euros par an, c’est « l’estimation des investissements supplémentaires nécessaires » pour respecter l’Accord de Paris, selon Yves Perrier. Le président de l’IFD estime que l’effort doit être réparti en trois grands pôles : « un tiers de l’effort doit venir du secteur de l’énergie, un tiers des particuliers via les rénovations thermiques et la mobilité électrique, le dernier volet, ce sont les entreprises, qui doivent transformer leurs outils de production. »

Une nouvelle révolution industrielle

Pour celui qui a remis un rapport au Ministère de l’Économie en juillet, on a trop souvent traité la question de la transition écologique « sous un aspect moral, alors qu’il faut la prendre pour ce qu’elle est vraiment, une révolution industrielle ». Une révolution industrielle qui doit être « réalisée à l’échelle planétaire, dans un temps rapide, une trentaine d’années, et qui touche tous les domaines », et toutes les couches de population.

« Au début du XIXe siècle, l’humanité vivait à peu près comme au temps des Romains, et en deux siècles, on a transformé notre mode vie. » Pour Yves Perrier, deux révolutions énergétiques ont pris place dans l’Histoire : celle du charbon, puis celle du pétrole et du gaz. « Elles ont été menées en deux siècles et ont créé énormément de valeurs d’usage, avec de nouveaux modes de transport, de chauffage… » La troisième révolution énergétique consiste donc à « sortir du fossile pour aller vers le renouvelable ». Mais avec une double difficulté : « il faut la réaliser très vite, et elle n’aura pas de valeurs d’usage, on vivra comme avant ».

Faire que la transition paie

Il n’est donc pas évident d’embarquer toute une société dans un projet qui ne promet pas d’amélioration notable de son quotidien. « C’est là que la gestion politique, au sens noble du terme, va être clé. » Pour le président de l’IFD, la situation n’est pas désespérée car « on est à environ la moitié des investissements nécessaires ». Pour lui, la problématique porte moins sur un manque de financements qu’un manque de projets. 

« Il n’y a pas assez de projets, car nous n’avons pas créé les conditions pour que ces projets de transition énergétiques soient rentables, et donc attractifs. » À titre d’exemple, selon lui, les coûts de rénovation de logements de particuliers, difficilement amortissables via les économies d’énergies qu’ils offriraient. « Il faut investir plus massivement dans notre industrie, pour aider sa transition », mais également « flécher l’épargne de long terme » vers des projets liés à la transition énergétique. Il a sûrement glissé l’information dans le rapport qu’il a envoyé à Bercy cet été.