Grand EntretienSMART JOBjeu. 15/02/24

Jeudi 15 février 2024, SMART JOB reçoit Thibaut Guilluy (directeur général, France Travail)


L'objectif Plein Emploi de Thibaut Guilluy, le directeur général de France Travail

Alors que le taux de chômage a cessé de baisser, Thibaut Guilly a récemment pris ses fonctions de directeur général de France Travail. Malgré une conjoncture moins favorable, sa mission reste la même : le Plein Emploi d'ici à 2027. Il nous explique sa méthode dans le Grand Entretien de SMART JOB.

On dit souvent que la première erreur d’un manager ou dirigeant, c’est de faire table rase de tout ce qui a pu exister avant lui. Si le nom a changé, au revoir Pôle Emploi, bonjour France Travail, son nouveau patron Thibaut Guilluy entend bien valoriser les 55 000 collaborateurs dont il a désormais la charge. « C’est un établissement très bien organisé qui est implanté dans tous les territoires avec 896 agences. C’est très en proximité. On ne part pas de rien. » Chiffres à l’appui du discours. « Les demandeurs d’emploi sont 85 % à se satisfaire des services et des réponses apportées par les équipes de France Travail. C’est 86 % des entreprises qui plébiscitent aussi la qualité de nos services. » La révolution Guilluy devrait donc être de velours – « il reste 14 % et 15 % qu’il faut aller conquérir » – et devrait porter sur un choc de « rapprochement » entre trois mondes : les acteurs de l’insertion, les demandeurs d’emploi et les entreprises.

« Aller à la rencontre des entreprises »

« Le défi de France Travail, c’est d’être au plus près des demandeurs d’emploi et de répondre à la demande de chacun. » Même s’ils sont 2,3 millions. « J’ai l’habitude de dire que c’est du sur-mesure, de la haute-couture, qu’il faut pouvoir le faire pour des centaines de milliers de personnes. » La nouveauté que veut insuffler l’ancien Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, c’est justement l’idée que « ce qui est vrai pour les demandeurs vaut également pour les employeurs, chaque entreprise doit comprendre qu’on est son meilleur ami RH. »

Dans la méthode, cela passe selon lui par du terrain, et de la prospection, un terme mis en avant dans son rapport avant d’être nommé. « On est déjà en train de s’organiser dans un certain nombre de territoires pour aller à la rencontre des entreprises, pourquoi pas frapper à la porte dans les rues commerçantes, dans les zones d’activités. » Du terrain et des réseaux, pour resserrer les mailles du filet. « On travaille très bien avec d’autres entités comme le MEDEF, la CPME, les chambres consulaires… L’idée est de travailler ensemble pour apporter les meilleurs services aux entreprises, notamment les TPE-PME, qui ont souvent plus de difficultés à accéder à nos services. » 

« Mettre fin aux situations d’éloignement de l’emploi de longue durée »

Plusieurs secteurs, comme le bâtiment, les métiers du soin ou l’hôtellerie-restauration, bénéficient déjà de plans spécifiques avec « des immersions, des recrutements par simulation… On finance même de la formation à l’embauche. » L’objectif, « recruter plus et recruter mieux ». Mais il a bien conscience que les derniers paliers avant le Plein Emploi sont les plus difficiles à passer, car « plus on s’en rapproche, plus les enjeux évoluent et sont éparpillés. Pour aller plus loin, il faut apporter ces solutions personnalisées. »

Quant aux critiques qui portent sur la suppression envisagée de l’ASS, les 15 heures d’activités conditionnant le versement du RSA, ou encore les nouvelles règles sur les refus de CDI, Thibaut Guilluy réfute l’idée que la nouvelle politique consisterait à forcer la main des travailleurs les plus fragiles. « Il faut qu’on puisse mettre fin aux situations d’éloignement de l’emploi de longue durée. C’est plus le sujet que de savoir si les personnes sont à l’ASS ou au RSA. Dans les deux cas, on parle de gens éloignés trop longtemps de l’emploi. » Aucun recul social selon lui dans les nouvelles règles, simplement l’objectif de protéger les acquis sociaux. « Le travail, c'est le socle sur lequel on peut construire son autonomie et sa dignité. C’est aussi le socle qui protège notre modèle social. Plus on a de gens qui travaillent, plus notre modèle social est protégé. »