Le débatSMART @WORKsam. 25/05/24

Samedi 25 mai 2024, SMART @WORK reçoit Hanafi Cherif (Directeur du e-commerce, Manutan Group) , Frédéric Arnoux (CEO et cofondateur, STIM) et Patrick Amiel (fondateur & CEO, 321founded)


Instaurer une culture de l'innovation

Innover est certainement l’objectif ultime de nombreuses entreprises, quelle que soit leur taille. Cependant, bien que l’échec semble inévitable sans renouvellement, la question du "comment" reste en suspens. Un grand groupe devrait-il acquérir des start-up plus agiles ou structurer une initiative d’intrapreneuriat ? Une start-up doit-elle se concentrer sur une innovation de rupture pour se démarquer ? L’émission SMART @ WORK propose quelques éléments de réponse pour s'orienter dans cette course à l’innovation.

Innover, oui, mais pourquoi ?

Le mot "innovation" peut donner le vertige, mais il existe des méthodes concrètes pour s'y raccrocher. Patrick Amiel, fondateur de 321Founded, un start-up studio permettant aux grands groupes de créer des start-up en fonction de leurs besoins d’innovation, souligne l’importance des deux premiers mois d’analyse sectorielle. Selon lui, il faut répondre à deux questions fondamentales : « Y a-t-il une opportunité de marché ? Et savons-nous comment saisir ce marché ? ». Et d’ajouter : « Faire de l’innovation pour faire de l’innovation n’a pas de sens. »

Frédéric Arnoux, cofondateur de STIM, une entreprise de conseil spécialisée dans les nouveaux enjeux de demain, confirme cette méthodologie. Il insiste sur l’importance de bien réfléchir à l’intention, car l’objectif n’est pas seulement d’améliorer les processus, mais bien de décider de l’avenir d’une industrie. « La démarche d’innovation commence par se poser les bonnes questions », confirme Hanafi Cherif, directeur du e-commerce du groupe Manutan.

Lancer des nouveaux relais de croissance

Généralement les grands groupes sollicitent 321Founded ou STIM sur une logique défensive : lorsqu’une start-up qui vient d’être lancée met en péril leur business modèle. L’autre logique peut être plus opportuniste : pour pousser une initiative en interne qui pourrait avoir du potentiel. Quelques soient les motifs, les moyens d’atteindre un résultat innovant sont multiples. 

Manutan, avec ses 17 filiales à travers le monde, innove grâce à diverses approches. L’acquisition de la start-up Zack, spécialisée dans la réutilisation du mobilier de bureau, a permis au groupe de se développer rapidement sur les sujets RSE. Manutan a également collaboré pendant six mois avec Google au sein d’un programme d’accélération digitale, ce qui a permis de réaliser plusieurs projets concrets liés à l’expérience client et à l’exploitation des données, comme l’amélioration de la vitesse de chargement du site et la création d’un tableau de suivi des dépenses publicitaires.

Le tempo : le nerf de la guerre

Pour maximiser les chances de réussite, il est crucial d’instaurer une culture d’innovation au sein de l’entreprise. Les trois invités de SMART @ WORK s’accordent à dire que l'obsession doit être le tempo. « L’important, c’est de coller au tempo du marché, pas à celui de l’entreprise », explique Patrick Amiel. Cela nécessite des équipes dirigeantes capables de naviguer efficacement avec de nombreuses inconnues et des équipes prêtes à apprendre de nouveaux processus avec agilité.

Le tempo peut notamment être imposé par une nouvelle réglementation. « La réglementation par essence, impose des normes dans un marché donné, et donc nous fait sortir des sentiers battus », explique Hanafi Cherif. « C’est un formidable moteur car on n’a pas le choix » ajoute-il. C’est une opportunité d’innover et de livrer des projets concrets dans un délai généralement assez court. Par exemple, les RGPD ont beaucoup bousculé l’univers du marketing, ayant pour conséquence chez Manutan de repenser leur manière de piloter leur activité sur le web. « On est même un peu plus pertinent maintenant qu’on ne l'était avant », conclue-t-il. 

Un tempo soutenu ne veut pourtant pas dire ne pas faire d’erreur. « Tentons mais tentons rapidement », s’amuse Hanafi Cherfi. Toutes les innovations ne sont pas des ruptures majeures, mais elles restent intéressantes. Cependant, il ne faut pas s’attarder sur les erreurs. Adopter une culture de l’innovation implique également une culture du risque, qui peut être minimisée en s’entourant des bonnes personnes.