Le débatSMART IMPACTmar. 18/06/24

Mardi 18 juin 2024, SMART IMPACT reçoit Norbert Bommensatt (chargé de mission géothermie, Ademe) et Laure Lepin (responsable pôle géothermie, Equans France)


Mieux développer la géothermie

Qu’elle soit profonde ou de surface, la géothermie est une énergie propre et abondante : 85 % du territoire français présente un potentiel géothermique. SMART IMPACT fait le point avec Laure Lepin, responsable du pôle géothermie d’Equans France, et Norbert Bommensatt, chargé de mission géothermie à l’ADEME.

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Et de la géothermie… Selon les chiffres de l’ADEME (Agence de la transition écologique), la France est un eldorado de la géothermie avec 85 % du territoire adapté et un statut de premier pays européen en nombre de réseaux de chaleur géothermique. « Le principal frein au déploiement de la géothermie, c’est la méconnaissance de la technologie », estime Norbert Bommensatt, chargé de mission géothermie à l’ADEME. « Elle existe depuis de nombreuses années, mais est encore méconnue. Pourtant, la filière s’organise pour répondre aux enjeux énergétiques à venir. » Mais comme toute technologie novatrice, elle implique des investissements que le commun des mortels ne peut pas forcément s’autoriser. Dans le cas de la géométrie profonde, « les budgets d’investissement se situent entre 10 et 20 millions d’euros, et cela se rentabilise en une trentaine d’années ». 

Une énergie locale et décarbonée

Un investissement accessible aux industriels et à certaines collectivités, mais beaucoup moins aux particuliers. Laure Lepin, responsable pôle géothermie chez Equans France, estime que les pouvoirs publics auraient tout intérêt à aider les projets individuels, « par exemple avec la mise en place de solutions pour des ensembles de bâtiments ». Selon la professionnelle de l’accompagnement vers l’efficacité énergétique, la géothermie peut stimuler des économies en y localisant la production d’énergie. Et pour les particuliers, les bénéfices potentiels sont nombreux : « c’est une source d’énergie locale, décarbonée et qui permet de s’émanciper de la volatilité des prix du gaz. On peut grâce à elle réduire sa consommation énergétique, généralement, on la divise par quatre. Et on divise par sept ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à une solution plus classique de gaz ».

Géothermie, 10 à 15 ans pour rentabiliser un projet

Pour rendre cet idéal abordable, Norbert Bommensatt assure que la filière travaille à des solutions clés en main, avec notamment des projets de « modèles de leasing » pour amortir des infrastructures dont la rentabilité prend 10 à 15 ans, selon Laure Lepin. Aujourd’hui, seuls les professionnels peuvent s’appuyer sur un financement via le Fonds Chaleur, dispositif de soutien financier au développement de la production renouvelable de chaleur, quand les particuliers ne peuvent compter que sur des réductions d’impôts. Mais le mouvement est en marche : « des cartes existent pour informer sur les zones où les projets de géothermie sont les plus favorables et les zones où cela pourrait s’avérer plus difficile, voire là où ce serait interdit. On essaie de vulgariser ces connaissances et aujourd’hui, on peut développer des projets sur quasiment tout le territoire ».