Le débatSMART @WORKsam. 13/07/24

Samedi 13 juillet 2024, SMART @WORK reçoit Alice Briot (Directrice de la Performance Durable, Groupe Lebronze alloys) , Camille Colbus (Cofondatrice, Dero) et Antoine Compin (Directeur Général, Manutan France)


Comment passer à l’économie circulaire ?

Les spécialistes sont formels, toutes les entreprises et tous les secteurs d’activité peuvent basculer dans une logique d’économie circulaire. La vraie question est de savoir comment. Trois spécialistes répondent.

Courant juin, le groupe Manutan a inauguré son Hub Circulaire, un espace de 3 000 m² au Bourget (93), dédié au réemploi du mobilier professionnel usagé. Une entrée dans le marché de la seconde main dont le fournisseur de produits et services aux entreprises est très fier. Mais pour son directeur général, Antoine Compin, s’engager dans l’économie circulaire, c’est une démarche qui demande des efforts. « Les process de vente sont différents de ceux pour des produits neufs : on parle de collecte, de tri, de réparation, de revente… Avec nos clients, nous avons dû réaliser de premières commandes pilotes… » Les clients, entreprises et collectivités, sont à ses yeux ceux qui ont permis la bascule.

« Un travail avec toute la chaîne de valeur »

Directrice de la performance durable au Groupe Lebronze Alloys, Alice Briot confirme l’idée que la circularité « est un investissement, mais aussi un travail avec toute la chaîne de valeur ». Le groupe, spécialiste des produits semi-finis en cuivre et nickel, revendique une approche circulaire historique « car le cuivre est recyclable à l’infini ». Dans le cas de ce producteur industriel, un « atelier upcycling » a été mis en place pour changer de dimension, et revoir les interactions avec les clients. « Il faut notamment optimiser le produit fourni, en particulier la quantité de matière engagée au départ, mais aussi pour récupérer les chutes de matériaux de nos clients pour les réutiliser. »

Pour faire de l’économie circulaire, il faut donc avoir des clients demandeurs. Cela tombe bien car « selon les chiffres de l’IFOP, 47 % des acheteurs B to B souhaiteraient passer par des achats plus responsables, notamment via l’économie circulaire », assure Antoine Compin. L’économie circulaire fait envie, et elle pourrait également faire beaucoup de bien, selon Camille Colbus, cofondatrice de Dero, un comparateur de produits de seconde main. « C’est un travail à revoir de A à Z. Cela peut créer de nouveaux process, mais aussi une nouvelle économie et de nouveaux emplois. D'ici à 2030, les projections du gouvernement français tablent sur 300 000 créations d’emplois dans l’économie circulaire. Le mot économie prend tout son sens ici : c’est repenser ses modèles. »

Des déchets qui deviennent des matières premières

Du côté de Lebronze Alloys, la circularité a permis via l’Atelier Upcycling « de transformer de la matière qui auparavant était considérée comme déchet et inutilisable dans nos fonderies ». Des déchets qui deviennent matières premières, et des nouveaux métiers qui émergent… « Une structure comme notre Hub Circulaire, cela se finance sur le long terme », explique Antoine Compin. Mais en retour, « il faut envisager ce que cela permet en termes de création d’emplois, de développement de nouvelles compétences… » Cela va même plus loin, dans des considérations sociales. « Avec l’implantation de notre Hub au Bourget dans un quartier prioritaire, il y a aussi une vraie volonté de favoriser la réinsertion professionnelle. Ces investissements dans la circularité sont vertueux : il y a un impact économique, environnemental, mais aussi social. »

L’enjeu désormais, c’est un changement d’échelle selon Camille Colbus. « On n’est encore qu’aux balbutiements de cette économie circulaire, il faut encore rassembler les écosystèmes, pousser les entreprises à s’y mettre. Le gouvernement doit aller plus loin, le consommateur être plus sensibilisé… Tous les acteurs doivent s’associer pour faire du réemploi la norme. »