SMART WORLD du 18 mai 2021
Afrique : des projets de financement
Une quinzaine de dirigeants africains se rendent à Paris aujourd’hui pour un sommet sur le financement des économies du continent.
Ce 18 mai 2021, Emmanuel Macron rassemble plusieurs dirigeants africains pour discuter de l'avenir économique du continent. Le Fonds monétaire international a en effet prévenu que l'Afrique pourrait avoir besoin de financements à hauteur de quelques 290 milliards de dollars d'ici à 2023, pour l’aider à se relever de la crise économique. En mars dernier, le FMI a déjà annoncé une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux, une première depuis 2009, pour soutenir les pays les plus touchés économiquement par la pandémie. Sur les 650 milliards de dollars émis au total, 23 milliards seront probablement destinés à l'Afrique subsaharienne. Pour Serge Ekué, président de la Banque ouest-africaine de développement interviewé par les Echos, l’Afrique de l’Ouest devrait avoir besoin de 190 milliards d'euros sur cinq ans.
L'Afrique a particulièrement été touchée économiquement. La pandémie a fait chuter l’emploi à l’échelle régionale d’environ 8,5 % en 2020. Plus de 32 millions de personnes sont passées sous le seuil de la pauvreté et la perturbation des activités d’enseignement compromet l’avenir de toute une génération.
Pour le FMI, les pays africains doivent relever trois défis immédiats : financer les besoins de dépenses publiques supplémentaires, maîtriser la forte hausse de la dette publique, mobiliser davantage de recettes fiscales. La situation est contrastée d’un pays à l’autre, mais à l’échelle de l’Afrique subsaharienne, la dette publique a gonflé pour s’établir à près de 58 % du PIB en 2020. Un record depuis ces 20 dernières années. S’ajoute aussi le paiement des intérêts qui plombent les économies : en 2020, par exemple, les paiements d’intérêts ont atteint le taux de 20 % des recettes fiscales à l’échelle régionale des pays de l'Afrique subsaharienne.
Lors du sommet, les demandes des dirigeants africains portent principalement sur un moratoire sur la dette, le temps de sortir de la pandémie, l'aide au développement et l'attribution de nouveaux droits de tirages spéciaux par le FMI. L’allègement ou l’annulation des dettes africaines seront donc des options discutées lors du sommet. La dette publique africaine représente environ 365 milliards de dollars, soit seulement 2 % du stock mondial de dette. Les conditions de l'aide posées par les institutions multilatérales seront à éclaircir.
Sibylle Aoudjhane
