CombatBE SMARTmer. 26/05/21

Mercredi 26 mai 2021, BE SMART reçoit Erwan Le Noan (associé, Altermind)


Quelles sont les causes du malaise de la fonction publique ?

La crise sanitaire a souligné l’importance des services de l’Etat. Pourtant depuis plusieurs années, le secteur public souffre d’un mal être profond provoqué entre autres par son incapacité à se réinventer et à se doter d’une vision sur le long terme.

“Contrairement au secteur privé, dans le public les payeurs ne sont pas ceux qui prennent les décisions” rappelle Erwan Le Noan, associé chez Altermind, un cabinet de conseil en stratégie. “Depuis des années et ce n’est pas nouveau, il y a un malaise dans les services publics, l'hôpital, l’éducation, la police… On voit lorsque les différents fonctionnaires s’expriment dans la rue qu’ils ne sont pas contents de la façon dont ils exercent leurs métiers”.

Pourtant, selon Erwan Le Noan les salariés de l’administration n’embrassent pas leur métier par hasard mais par convictions. “Pour être prof au collège dans une banlieue “difficile” à 1400 € par mois il faut vraiment une vocation", explique-t-il.

Quelle seraient donc les causes de cette souffrance ? “Ils ne sont pas heureux alors que les moyens n’ont fait que croître” observe le stratégiste, “la réponse systématique des pouvoirs publics a été de dire, vous avez un problème ne vous inquiétez pas on va augmenter les moyens. En augmentant systématiquement les moyens cela a été une manière d’obtenir une forme de paix sociale mais aussi d’éviter de se poser des questions sur l’efficacité des services publics” souligne-t-il. 

Pour Erwan Le Noan la mise sous perfusion du service public cacherait donc un mal plus profond. “Aujourd’hui un grand nombre d’organisations syndicales disent qu’elles n’ont aucune vision et cela ne date pas de ce gouvernement, cela date des dix-quinze dernières années” révèle-t-il, “à la limite que l'on nous dise que le privé fait mieux et que l’on veut réduire les services publics ou alors au contraire que l’Etat souhaite les accroître considérablement, mais là il y a une surenchère financière et verbale qui fait que l’on ne sait pas où l’on va ” conclut-il.

Côme Dubois