Et Demain ?SMART TECHjeu. 03/06/21

SMART TECH du 3 juin 2021


Et demain, prédire l’autisme à la naissance ?

De nombreux chercheurs tentent d’améliorer le diagnostic de l’autisme, ou tout simplement de comprendre d'où viennent ces troubles. Une piste prometteuse, qui sollicite l’intelligence artificielle pour prédire les troubles de l’autisme est en train de prendre forme.

Un groupe de recherche mené par le docteur Yehezkel Ben-Ari, chercheur en neurologie, spécialiste des processus de maturation cérébrale, a créé une intelligence artificielle capable d’établir un pronostic de TSA, les troubles du spectre de l'Autisme.

Ces troubles se manifestent généralement entre 3 et 5 ans. 

Sous la forme de troubles de la communication, ou encore un comportement répétitif et stéréotypé.  

Des symptômes difficiles à détecter avant un certain âge évidemment. 

Pourtant là est tout l’enjeu, plus les troubles du spectre de l’autisme sont détectés tôt, plus on pourra non pas guérir mais améliorer le bien être de l’enfant et accompagner les parents.

Ce programme d’intelligence artificielle s'appelle Genesis et il a pour but d’identifier, dès la naissance, les personnes susceptibles d’être diagnostiquées avec un trouble du spectre de l’autisme.

Prédire grâce au machine learning !

En fait, le chercheur Yehezkel Ben-Ari a récolté pendant 3 ans les données de 65 enfants qui ont reçu un diagnostic du centre de ressource de l’autisme.

Ces données ont été comparées à celles de 189 naissances dans la même maternité qui n’ont pas eu ce diagnostic.

Tous sont nés au CHU de Limoges qui ont collaboré à ces recherches.

Ils ont récupéré toutes les données enregistrées depuis le début de la grossesse jusqu’à la naissance inclus.

Le programme d'intelligence artificielle a analysé 120 critères par grossesse : antécédents familiaux des parents, échographies obstétricales, test de dépistage de la trisomie 21, longueur du fémur au 3ème trimestre, conditions d’accouchement avec rotation de la tête fœtale pendant le travail, les premiers jours de la vie…

Grâce à toutes ces données le programme a permis de déterminer l’impact de chacun de ces paramètres sur le pronostic final. 

Sur les 65 enfants autistes, 40 % d’entre eux présentaient des critères qui auraient pu permettre de repérer les TSA dès la naissance !

En conséquence : l’équipe de chercheurs a démontré qu’il est possible d’identifier 95 % des bébés qui ne seront pas diagnostiqués plus tard avec des TSA . Dans l’autre sens, le programme est capable d’identifier 1 enfant sur 3 qui sera atteint de TSA, avec une précision de 75 %. 

Précision importante, il s’agit bien de pronostic et pas de diagnostic ! 

Grâce à lui on pourra mettre en place un accompagnement dès les premiers jours de vie de l'enfant pour enfin affiner le diagnostic, il pourra être posé plus tôt.

Pour augmenter les performances de pronostic, la prochaine étape sera celle d’un élargissement à d’autres maternités françaises et étrangères. 

Pour nourrir l’intelligence artificielle et obtenir un algorithme solide.

l’objectif de l’année est de recruter jusqu’à 600 enfants autistes et trois fois plus d’enfants “témoins” .

Il faudra à Genesis un agrément de l’État, la demande va être lancée dans un mois, en parallèle de ces nouvelles recherches.

Si tout se passe comme prévu, d’après le docteur Ben Ari, d’ici fin 2022 le programme Genesis sera agréé et commercialisé dans les hôpitaux.

Cécilia Severi