Tech talkSMART TECHmar. 06/07/21

Mardi 6 juillet 2021, SMART TECH reçoit Catherine Lejealle (sociologue et chercheur, Groupe ISC Paris) et Camille Chaize (Porte-parole du Ministère de l’intérieur)


Le stalking digital, qu’est-ce que c’est ?

À l’heure des réseaux sociaux, il n’a jamais été aussi facile d’enquêter sur un individu, notamment dans le cadre de relations amoureuses. Selon une étude de NortonLifeLock, près d'une personne sur trois, ayant déjà été en couple, admet avoir “espionné” un ex ou un partenaire actuel sur internet. Ce chiffre atteint même 61 % chez les millenials.

“Avant on voyait beaucoup le stalking dans la fiction, mais on se découvre que c’est aussi une réalité dans les comportements”, indique Catherine Lejealle, sociologue et chercheur, pour le groupe ISC Paris. “61% des moins de 40 ans ont déjà stalké un ou une ex ou leur partenaire actuel et 52% le cautionnent”, souligne-t-elle. 

Qu’est ce qui pourrait expliquer ces comportements sociétaux ? “Il y a un paradigme dans notre société, c’est la promotion de la transparence et de l’absence d’engagement, alors que dans la réalité, dans une relation de couple, cette transparence et cette liberté ne sont pas si faciles à vivre au quotidien”, explique Catherine Lejealle. 

Pour cette chercheur, le mode de fonctionnement des réseaux sociaux serait en grande partie responsable de ces dérives : “chacun met en scène son quotidien à travers des “stories”, et l’Autre, qui a peur de voir son partenaire lui échapper (ou qui lui a déjà échappé), va vouloir accéder à des coulisses qui ne sont pas sur les réseaux sociaux. C’est pour cela qu’il y a une forte tentation à aller stalker, de façon pathologique et monomaniaque, l’intimité de son partenaire ou de son ex-partenaire, avec la liste de ses appels téléphoniques, ses messages privés, sa géolocalisation…”

Cette dérive est-elle pour autant condamnable aux yeux de la loi ? “Le harcèlement est un délit, c’est interdit par la loi et cela a des conséquences graves”, avertit Camille Chaize, la porte-parole du ministère de l’Intérieur, “il y a ce que les personnes, individuellement, décident de mettre en ligne et il y a le fait d’espionner son conjoint, sa conjointe, et cela, ça peut être une atteinte à la vie privée, du harcèlement et c’est répréhensible”.

Côme Dubois