SMART TECH du 7 juillet 2021
ET DEMAIN, UNE EMPREINTE OLFACTIVE ?
Et si demain on reconnaissait un criminel à son odeur ? C’est le projet de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale qui travaille sur une technologie de rupture avec un objectif : déterminer l’empreinte olfactive d’une personne !
L’odeur, de n’importe qui, est faite de molécules.
Globalement on distingue trois composantes de l’odeur humaine.
La primaire est censée être propre à chaque individue et stable dans le temps
Je dis “censée” car, d’après l'institut de recherche, c’est un fait connu mais pas encore prouvé.
Pour autant on identifie des molécules qui la composent.
La secondaire est variable, liée à plusieurs facteurs.
Par exemple, votre facteur de stress, votre activité physique, votre régime alimentaire. En ce sens, la secondaire pourrait différencier deux jumeaux par exemple.
Ensuite il y a la tertiaire qui est exogène. C'est-à-dire des molécules extérieures qui interagissent avec nous. Ces molécules viennent par exemple de notre parfum, de nos cosmétiques, de notre savon etc.
Mais ces 3 composantes ne sont pas clairement définies, un type de molécules n’est pas associé à une composante, on peut la retrouver dans une autre.
Pourtant ensemble elle forme une empreinte olfactive.
Et tout le travail de l'institut de recherche est de rendre cette empreinte identifiable.
Pour ça, l'équipe de recherche a mis au point un polymère. Un petit polymère de 2 cm de long et 2 mm de diamètre, une petite nouille du propre aveu du responsable de la recherche le lieutenant- colonel Guillaume Cognon. Ce polymère à la vertu d’emprisonner les molécules.
L’idée est donc par de placer ce polymère au contact d’un objet ou d’une personne, en le frottant, un peu comme une brosse.
Mais le polymère est aussi capable de capturer les molécules sans contact avec la matière. On peut ainsi capturer l’odeur qui stagne dans une voiture par exemple.
Ensuite il faut pouvoir analyser les échantillons. Et là entre en jeu une nouvelle innovation, l’utilisation de la chromatographie bidimensionnelle.
C’est une méthode chimique qui sert à séparer les différentes substances présentes dans un mélange.
Chauffées à haute température, on libère ainsi les molécules.
Une fois séparées les unes des autres, et classées, elles sont transférées dans un spectromètre de masse. Ce spectromètre va pouvoir à ce moment-là identifier la nature de chaque molécule.
Et à partir de là ça se corse. Car dans un échantillon d’odeur, il peut y avoir 1000 molécules. Mais une fois toutes identifiées, que fait-on de ces données ? Comment les traduire en une empreinte unique ? Pour y arriver, le mieux serait d’avoir une truffe !
Car ce que cherche à faire l’institut c’est exactement ce que fait la brigade cynophile. Un chien est capable d’identifier une odeur et de reconnaître le porteur de cette odeur parmi une foule de passants.
On cherche donc à reproduire la même chose en laboratoire.
Mais comme on n’a pas de truffes, il nous faut des algorithmes.
C'est la dernière étape à franchir pour l’institut mais c’est aussi la plus difficile.
Utiliser l’intelligence artificielle appuyée du deep learning pour créer sur la base de toutes ces données sur les molécules, une identification efficace.
Avant d’atteindre une identification garantie avec le moins de variabilité possible, les scientifiques seront capables de donner beaucoup d’autres informations. Par exemple le sexe de la personne, sa tranche d’âge ou sa santé physique.
L'objectif proche est donc plus de pouvoir corroborer les preuves existantes que de chercher à créer la preuve ultime.
Cécilia Severi