Le cercle RHSMART JOBjeu. 08/07/21

Jeudi 8 juillet 2021, SMART JOB reçoit Jean-Christophe GUY (avocat en droit du travail) et Pierre Ferracci (PDG, groupe Alpha)


Footballeur, un salarié comme les autres ?

La finale de la coupe d’Europe 2020 se joue ce dimanche : Angleterre VS Italie. À ce titre, il faut savoir que les footballeurs professionnels ont, eux aussi, un contrat de travail. Pierre Ferracci, président du Paris FC et PDG du Groupe Alpha et Jean-Christophe Guy, avocat en droit du travail et droit du sport sont les invités de SMART JOB.

En termes de business, la France est le deuxième exportateur de joueurs. Pour Jean-Christophe Guy, il y a un problème majeur concernant les “exportations” de joueurs. Cela veut dire que la France fabrique des champions et les vend. Il précise : “On cède la titularité des contrats moyennant indemnité à des clubs généralement européens plus huppés. Cela veut dire deux choses : la qualité des centres de formation français est bonne et est reconnue partout dans le monde. Mais cela veut aussi dire que les clubs français n’ont pas les moyens de conserver leurs meilleurs joueurs. C’est contrasté, on peut être satisfait du premier constat, mais moins du second.”

Comment se signent les CDD des joueurs ? Pierre Ferracci explique comment cela se passe au Paris FC : “Je rappelle aux joueurs qu’ils n’ont pas forcément besoin d’être accompagnés par un conseil ou par un agent. Un agent de qualité, c’est celui qui trouve l’équilibre entre l’intérêt du club et l’intérêt du joueur, qui évite de faire bouger son joueur tous les ans pour prendre une commission au passage. Donc on signe des contrats, des CDD spécifiques. Et dans les clubs, il y a une partie du personnel qui peut être embauchée en CDI mais la plupart du temps, ce sont des CDD.”

Dans la négociation du joueur, beaucoup de facteurs entrent en compte. On lui garantit parfois un beau vestiaire, une voiture… Comme un cadre dirigeant qui a besoin d’un téléphone et d’une place dans une école pour son enfant. Jean-Christophe Guy appuie : “On négocie la-dessus. Et puis il n’y a pas que la rémunération telle qu’on l’entend de manière spontanée, c’est-à-dire le salaire qui tombe tous les mois. Il y a aussi des primes qui peuvent être spécifiques liées au comportement, à la performance. Il peut y avoir un certain nombre d’avantages en nature : la liberté contractuelle est très grande. On peut tout imaginer sur la rémunération.” Pierre Ferracci ajoute, en prenant l’exemple de son club : “C’est vrai qu’il y a une véritable importance du cadre, du projet. Depuis que nous sommes installés à Orly dans un lieu où on a beaucoup investi, c’est attractif. Auparavant, on avait des installations qui étaient plutôt un repoussoir pour les joueurs. Ils tiennent compte de cela. Et effectivement, il y a des éléments de rémunération supplémentaires qui viennent se greffer au contrat. Il faut que tout cela fasse le système, et surtout que l’on veille à préserver une cohérence pour l’ensemble de l’effectif.” La passerelle avec l’entreprise est étroite : il faut réussir à avoir des individualités qui se marient au collectif. C’est l’alchimie de talents, mais qui doivent se marier avec le groupe. Pierre Ferracci ajoute que cela passe par une hiérarchie des rémunérations raisonnable. Il poursuit : “Ce n’est pas facile. Chaque joueur arrive avec son passé, son expérience, sa demande, ses agents. Le marché aujourd’hui est très compliqué ce qui fait que les choses vont se décanter avec un peu de retard par rapport aux saisons précédentes.” Pierre Ferracci doit encore mener environ quatre recrutements pour son club d’ici à la fin août. 

Pauline Gratelle