La grande interviewSMART TECHven. 09/07/21

Vendredi 9 juillet 2021, SMART TECH reçoit Steve Pascolo (immunologiste et spécialiste de l’ARN messager, co-fondateur, CureVac)


L’ARN messager : une histoire européenne

Cette technologie médicale a été utilisée pour élaborer les deux vaccins contre la Covid-19 les plus efficaces : Pfizer/BioNTech et Moderna. Le chercheur Steve Pascolo est l’un des pionniers du vaccin à ARN messager dans lequel il place de nombreux espoirs.

L’ARN messager qu’est-ce que c’est ? “C’est une molécule naturelle, qui est présente dans chacune de nos cellules et dans chaque cellule des végétaux, des animaux, c'est-à-dire de ce que l’on mange tous les jours. C’est une copie de l’ADN, qui est utilisée par les cellules pour fabriquer des protéines, comme des anticorps par exemple, et qui est ensuite très vite dégradée”, révèle Steve Pascolo, immunologiste et spécialiste de l’ARN messager, également co-fondateur de la société biopharmaceutique CureVac.

Si cette technique médicale a été mise en lumière depuis le début de la pandémie, son histoire est plus ancienne et très française. “L’ARN messager a été découvert en France en 1961, par François Jacob et Jacques Monod, qui ont eu le prix Nobel de médecine en 1965 à l’Institut Pasteur”, explique Steve Pascolo, “ensuite en 1993, toujours en France, l’équipe du professeur Pierre Meulien a synthétisé cette molécule, l’a formulée dans un liposome et en a fait un vaccin vraiment similaire à celui que l’on a aujourd’hui. Ils l’ont injecté par la suite à une souris avec succès, puisque l’animal a ainsi été protégé de la grippe.”

La découverte et la formulation de l’ARN messager ont été réalisées en France mais les travaux sur cette molécule n’ont pas convaincu. Il faudra attendre 2000 et la création de CureVac en Allemagne pour que les recherches se poursuivent. “Nous avons continué parce que l’avantage de cette technologie médicale, c’était sa sécurité, car cette molécule naturelle se dégrade assez vite dans l'organisme, et nous laissait penser que l’on avait une méthodologie vaccinale et thérapeutique très sûre”, indique le co-fondateur de la société biopharmaceutique CureVac, “cela ne fonctionnait pas encore très bien mais on s’est dit que l’on allait l’améliorer car elle a beaucoup d’avantages”.

Côme Dubois