Le cercle RHSMART JOBven. 09/07/21

Vendredi 9 juillet 2021, SMART JOB reçoit Cyril de Quéral (président et cofondateur, Powell Software) , Olivia Coppin (CEO, Juste Business) et Jean-Claude Beaujour (avocat international en droit des affaires, France-Amériques)


Faut-il vacciner tous les salariés ?

Entre vaccination obligatoire, variant Delta et confinement, les Français sont inquiets, tout comme les chefs d’entreprise. Ils avaient demandé aux salariés de revenir au bureau. Mais il faudra peut-être confiner à nouveau, repartir en télétravail et tout réorganiser.

Lundi prochain, un nouveau Conseil de défense sanitaire aura lieu. La situation est inquiétante et une question se pose : faut-il vacciner, de manière obligatoire, les soignants, et plus largement, tous les Français ? Pour Olivia Coppin, fondatrice de l'agence de conseil éthique Juste Business et enseignante au CELSA, la réponse à cette problématique n’est pas évidente. “Lorsque l’on est obligé de contraindre, cela veut dire que l’on n’a pas réussi à convaincre. Il y a toujours un sentiment d’échec. Mais en même temps, avec l’arrivée du variant Delta, on voit mal comment faire autrement”, explique-t-elle, “d’ailleurs, je pense que cela va dans le sens des mesures qui vont être annoncées la semaine prochaine sur un vaccin obligatoire pour les soignants ou alors, tout simplement, cela sera très contraignant : c’est-à-dire rendre la vie des personnes non-vaccinées très compliquée. On parle de l’extension du pass sanitaire pour aller au cinéma, dans les théâtres ou dans les restaurants…”

Pour elle, les soignants doivent prendre leurs responsabilités car l'hôpital ne peut pas devenir un lieu dangereux en termes de contamination. “En ce qui concerne les soignants, ce qui paraît assez incroyable, c’est de se dire que depuis le début de la pandémie, toutes les mesures qui ont été mises en place sont là pour protéger les plus faibles et cela paraît inimaginable que l’on puisse aller dans un hôpital ou dans un EHPAD et de pouvoir être contaminé par des personnes qui vous soignent ! Et qui d’ailleurs sont soumis à d’autres types de vaccinations obligatoires, donc le Covid serait finalement une vaccination en plus”.

Mais c’est aussi sur le plan constitutionnel que le débat se pose : les Français sont libres de ne pas se faire vacciner. Faut-il mettre ce débat sur la table ? Jean-Claude Beaujour, avocat international en droit des affaires et vice-président de France-Amériques, explique : “sur le plan juridique, on est libre de se faire soigner, pas soigner, de mourir, de ne pas mourir etc. Pour autant, le Conseil d’État a eu l’occasion d’indiquer dans une décision que lorsqu’il s’agit d’un enjeu sanitaire, le fait de contraindre à la vaccination n’est pas disproportionné par rapport à la liberté et que chacun assure son intégrité. J’entends ceux qui sont réfractaires : il y a des gens qui ont peur. Malheureusement, il n’y a pas de médecine sans risque, et même lorsque vous prenez du paracétamol, vous pouvez risquer un accident. De plus, il faut bien se rendre compte que la situation dans laquelle nous sommes, si nous devions attendre les résultats, ce ne serait pas avant 5, 6, 7, 8 ou même 10 ans !”

Et dans les sociétés, peut-on décider de dire aux salariés qu’ils doivent être vaccinés obligatoirement ? S’il faut imposer aux citoyens la vaccination, l’entreprise a aussi son rôle à jouer dans l’accélération de la campagne vaccinale. Cyril de Quéral, président et cofondateur de Powell Software, vice-président des EDC est d’accord avec cette idée et pense que l’entreprise doit favoriser la vaccination. Mais il tient à préciser sa pensée : “Je ne suis pas pour forcer les employés à se faire vacciner. Nous avons tous été traumatisés par les confinements que nous avons vécus. Dans mon entreprise, nous restons en 100% télétravail quand même avec une journée par semaine au bureau. Mais il faut inciter les salariés à aller se faire vacciner. Est-ce normal aujourd’hui que nous fassions, pour une personne, plusieurs tests PCR remboursés totalement chaque semaine, chaque mois ?” s’interroge-t-il. 

Pauline Gratelle