Vendredi 16 juillet 2021, SMART TECH reçoit Luc JULIA (Cocréateur SIRI & Directeur Scientifique, RENAULT)
L’IA au service de la mobilité de demain
Les constructeurs automobiles misent sur la technologie et notamment l’intelligence artificielle pour concevoir les véhicules du futur. Dans cette optique, Renault a recruté en tant que directeur scientifique le professeur Luc Julia, ingénieur-informaticien et co-créateur de l’outil de reconnaissance vocale Siri.
Avant de fabriquer la voiture de demain, Luca de Meo, le directeur général de Renault a commencé par créer de toute pièce un nouveau poste dans son entreprise : celui de directeur scientifique, occupé par Luc Julia depuis le 26 avril. “Le CEO de Renault a décidé il y a quelques temps déjà qu’il fallait que les voitures entrent dans une ère numérique. La techno c’est les sciences, quand on parle de techno aujourd’hui c’est surtout l’IA et pour cela il faut faire un peu de maths, donc le poste de directeur scientifique à du sens”, raconte Luc Julia, “le poste n’existait pas avant mon arrivée mais les sciences, dont l’IA commencent à concerner les voitures depuis un petit moment : que cela soit dans la conception des voitures, dans leur fabrication, mais aussi lorsqu’elles roulent. Il y a donc beaucoup de travail et ce poste sera de plus en plus important à l'avenir", se réjouit-il.
Avec ce nouveau poste, Renault souhaite-t-il mettre un coup d’accélérateur au développement de sa voiture autonome ? “Moi j’ai un avis très préconçu sur la voiture autonome”, indique Luc Julia, “je n’y crois pas une seconde. La voiture autonome de niveau 5, qui est la voiture ultime, qui marcherait tout le temps, dans toutes les conditions, n’existera jamais. En revanche, la voiture autonome de niveau 4, qui va marcher la plupart du temps toute seule, en nous amenant d’un point A à un point B, sans que l’on touche le volant, celle-là va arriver assez vite”, pense-t-il.
Pour que ce véhicule voit le jour et assure des conditions de sécurité optimales, de nombreuses innovations doivent cependant être développées. “Il y a de la science à faire à l'extérieur de la voiture pour ne pas qu’elle renverse les gens, mais il y a aussi des technologies à inventer pour l'intérieur car que ferons-nous lorsque nous ne conduirons plus ?”, s’interroge le directeur scientifique Renault, “les gens feront sûrement des choses comme s'ils étaient chez eux, comme regarder des films…”
Avec l’absence de conducteur, qu’en sera-t-il de la responsabilité en cas d’accident ? “La responsabilité se posera toujours parce que quelque part il faut que quelqu’un soit responsable s'il y a un accident. Est-ce que c’est le conducteur, même s'il n’a pas les commandes ? Ou le constructeur ? Ou celui qui s’est jeté sous la voiture ?”, s’interroge Luca de Meo, “la réglementation et la collectivité doivent prendre leur responsabilité et décider qui est le responsable”.
En attendant que cette question soit tranchée, Renault continue d’effectuer des tests. Le constructeur a réalisé le 9 juillet une démonstration à Rambouillet (Yvelines), au cours de laquelle une Renault Zoé a emprunté des ronds-points et s’est insérée dans le trafic routier avec succès.
Côme Dubois