Mardi 20 juillet 2021, SMART TECH reçoit Henri Foucaud (président et cofondateur, Hapticmedia) et Manuel Mallen (Fondateur, Maison Courbet)
Les diamants de synthèse rêvent de transformer le monde de la joaillerie
Ils ont les mêmes propriétés chimiques, physiques, la même taille et pourtant leurs prix et leurs empreintes écologiques n’ont rien à voir. Depuis une dizaine d’années, les diamants de synthèse, créés en laboratoire, fleurissent petit à petit sur le marché de la joaillerie, portés par les nouvelles habitudes de consommation des millenials.
L’industrie du diamant a souffert en 2020. Selon Bain & Company, la production de diamants bruts a chuté à 111 millions de carats. Si cette tendance à la baisse était déjà visible depuis 2017, l’année 2020 et la crise sanitaire l’ont nettement amplifiée (-20% contre -5% les années précédentes). En revanche les diamants de synthèse continuent eux de se développer, leur production a atteint 6 à 7 millions de carats en 2020 selon Bain & Company.
“Cela fait très longtemps que l’on parle du diamant de mine mais on en oublie les côtés un peu sombres”, observe Manuel Mallen, le fondateur de la Maison Courbet, une maison de joaillerie de la place Vendôme qui utilise exclusivement des diamants de laboratoire et de l’or recyclé. “Il y a une alternative qui est arrivée dans les années 2000 avec les diamants de synthèse. On arrive a faire des beaux, gros diamants, que depuis sept ou huit ans seulement donc c’est finalement assez récent. La difficulté c’est que les marques existantes ont du mal à faire cohabiter les deux car si un diamant est écolo, l’autre ne l’est pas. Il faut donc de nouvelles marques comme nous (la Maison Courbet a été fondée en 2018, ndlr) pour les promouvoir", explique-t-il.
Créé en 1954 par le chimiste et physicien américain Tracy Hall, le diamant de synthèse a mis du temps à émerger comme alternative crédible au diamant brut. “Une technologie met du temps à s’installer, à se peaufiner. Il y a aussi des éléments culturels qui expliquent cette arrivée tardive sur le marché, comme le fameux slogan “le diamant est éternel". L’imagerie qui entoure la préciosité du diamant doit aussi s’effacer”, remarque Henri Foucaud, le président et cofondateur de Hapticmedia, un cabinet de communication innovant dédié à la joaillerie de luxe.
Qu’est-ce qui différencie le diamant naturel du diamant de synthèse ? “le diamant de laboratoire c’est le génie humain qui reproduit la magie de la nature”, affirme Manuel Mallen, “on remet le carbone dans le même état qu’il y a des millions d’années sous terre, c’est à dire sous haute pression et hautes températures, pour qu’il se cristallise de la même manière qu’un diamant brut, donc c’est un vrai diamant. Un diamant de mine c’est un bébé, un diamant de synthèse c’est un bébé éprouvette”, conclut le fondateur de la Maison Courbet.
Côme Dubois