Grand EntretienSMART JOBmar. 20/07/21

Mardi 20 juillet 2021, SMART JOB reçoit Samuel Tual (Président, Groupe Actual Leader)


Le travail : un droit

Comment réussir à donner du travail à tous ? Réconcilier l’offre et la demande est devenu un parcours du combattant. Samuel Tual, Président du groupe Actual Leader a une conviction : il faut donner un emploi à chacun. Pour lui, la crise Covid a aussi permis de redécouvrir des métiers oubliés. Le groupe Actual a récemment sorti un manifeste sur le sujet.

Actual est l’un des groupes leaders du secteur de l’intérim, à la septième place des acteurs français du domaine. Samuel Tual, son patron, s’est lancé dans une croisade concernant le droit au travail. Après avoir écrit un manifeste “Le droit au travail”, sorti en 2021 et un livre “Le travail pour tous ! Revaloriser le travail pour sauver la France - Cessons d’être irresponsables” aux éditions Alisio, son analyse sur le rapport au travail est terrible. Dans son livre, il explique : “Le chômage structurel a progressé, nous n’y arrivons pas.” Pourquoi la France est un pays touché par un chômage endémique ? Pour Samuel Tual, les réponses sont multiples. Il souligne : “J’ai écrit ce livre en 2017 à l’occasion de l’élection présidentielle. Je trouvais que le débat qui nous était proposé n'intégrait pas suffisamment la dimension et la place du travail dans la société.” La campagne, à l’époque, était orientée vers des mesures très précises mais selon lui, il manquait cette vision : quelle société souhaite-t-on avoir demain ? Quel avenir pour nos jeunes ? Quelle vision sur le plan du travail ? S'était-il interrogé. 

Alors qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Pour Samuel Tual, on peut constater que les politiques successives ont montré leurs limites. Elles ont conduit à un constat d’échec, notamment avec le chômage. Il explique : “Ce qui ne marche pas, au départ, c’est l’orientation scolaire qui est assez traditionnelle.” Avec 60% d’échec en première année d’université, le fait de généraliser le bac pour tous et d’aller simplement vers les filières universitaires conduit à ce taux d’échec, et au fait qu’un grand nombre de jeunes ne se retrouvent pas en situation d’être bien positionnés par rapport aux enjeux du monde du travail de demain. Et selon lui, il faudrait repenser l’orientation, avec une dimension qui intègre également la nouvelle notion de formation tout au long de la vie professionnelle, avec l’évolution constante des métiers. Il soutient : “Notre système n’a pas été pensé pour cela. On est entre deux et il faut passer du bon côté. Je suis optimiste et je pense que les choses peuvent évoluer !”

Pour Samuel Tual, il y a aussi des questions structurelles qui existaient avant et qui sont toujours là aujourd’hui. Même si la crise Covid est passée par là, cette séquence d’un an et demi a été une sorte d'électrochoc sur le sujet du travail. Il explique notamment : “On a empêché les gens de travailler avec la politique de confinement, on a défini ce qui étaient les métiers essentiels et ceux qui ne l’étaient pas, ceux qui étaient autorisés, ou pas. En mars 2020, il y a eu une liste de métiers interdits, en novembre, une liste de métiers autorisés… On a découvert des métiers que l’on avait oubliés. On a applaudi les héros traditionnels (personnels de santé, police, gendarmerie ou encore armée dans certaines situations), et là, on a applaudi les caissiers, les éboueurs, ceux qui produisaient notre alimentation… On a redécouvert qu’il y avait des métiers qu’on avait oubliés, mais qui étaient utiles.” défend Samuel Tual. 

Pauline Gratelle